Antibes: bulles encensées

Elles se détachent sur l’horizon, lovées dans la pinède Gould, à Juanles-Pins. Cinq bulles, comme autant de petits paradis azuréens. Cinq structures en bois de résineux, qui, chacune, entoure l’un des cinq sens. Revisités. réinventés. Et les cinq porteurs de projets, sont intarissables. Dissipés. À fond sur leur jardin, « Bulles encensées ». « Quelle chance on a eu de tomber dans ce lieu pour réaliser notre jardin. » Ils nous invitent. Impossible d’éviter le lézard géant, sculpture de ceps de vignes, qui ancre ses pattes sur la première bulle. Sympa mastodonte. Nature recyclée qui devient oeuvre d’art. Bienvenue. Cette première bulle est dédiée à la vue. Facile, la Grand bleue lèche presque la structure... Les végétaux méditerranéens s’y bousculent harmonieusement et des filets de catamaran sont tendus pour offrir deux hamacs de fortune à ceux qui voudraient apprécier, allongés, le bleu d’en haut. Le bleu d’en face. Et le vert autour. Place à l’ouïe. La deuxième bulle est plus petite. Cocon de sons. Minipinède dans la grande, « pour faire écho à l’endroit », rient de bon coeur les cinq larrons. Ici, point de sieste, mais de quoi s’asseoir pour écouter le jardin. Oui, un jardin ça s’écoute. Arnaud, l’un des paysagistes, fait, même, très bien la cigale, en attendant que soit installé le vrai dispositif sonore. Un jardin, ça se sent aussi. Alors, on passe à la troisième bulle. L’odorat en éveil. Plantes aromatiques à profusion. Et toujours ce jeu de lumière entre les triangles de bois. Atmosphère ronde. Pleins et déliés. Toujours cette ambiguïté entre l’intérieur et l’extérieur. « On a placé des donuts de bois à différentes hauteurs », expliquent les maîtres ès-jardin. Ils accueillent les plantes à bouquet. Qu’on soit assis ou bien debout, lavande, sauge et autre romarin sont à fleur de narines. Et de peau... dans la prochaine bulle consacrée au toucher. Ça pique. Tapis de cactées et de plantes à ouille – épines ! Hostile ? Non. Des bulles de savons volent tout autour et s’échappent de la... bulle de bois. Laissez-vous effleurer. Touchez-les ! Elles explosent dans un souffle. Ce souffle vitaminé qui se dégage déjà du cinquième et dernier cocon de douceur. Acide, cette fois. Sucrée aussi. Les agrumes jouent le jeu pour le goût. Ronde orangeraie graphique pour terminer ce minivoyage en terre Cote d’Azur. Et le parcours est terminé. Long, rapide. C’est au... goût de chacun. Chacun son sens en éveil. Tous, c’est permis. Ce voyage ludique, fouillé, cohérent, on le doit à trois paysagistes : Richard, Arnaud et Stanislas. À un artiste, Vanly, « monsieur lézard » et à Fernand le designer. C’est le collectif L.J.N, les jardiniers nomades. Les anti-système du jardin. Les sans ego de la plante verte. Des joyeux artistes de la terre.

Contraste et ambiguïté intérieurextérieur”