Jugé dangereux, le jeu de boules bientôt encadré
« Là, ils poussent le bouchon un peu loin! » À Brignoles, comme ses amis du club des Joyeux pétanquistes du Sud, Alain n’en revient pas. Vendredi matin, ce sont les policiers municipaux qui sont venus lui annoncer la nouvelle : «Le 1er juin, fini les boules! » « On a un mois pour les amener dans une gendarmerie, pour les faire enregistrer, comme un fusil [les boules entreront dans la catégorie D, au côté des couteaux, matraques et tasers, Ndlr]. Et pour les concours, c’est mort : on pourra faire ça chez nous, mais pas à moins de 150 mètres d’une habitation. Et si on veut jouer dans un lieu public, il faudra justifier d’un dispositif
de sécurité – deux agents armés sur le terrain –, et demander une autorisation d’organiser les parties en préfecture. » Fanny Bumkiss, responsable du Bureau européen de normalisation des sports de jet (BENSJ), ne laisse pas la place au doute : « On ne peut tout de même pas laisser des gens envoyer des objets de plus de 650 grammes, dix mètres plus loin, à proximité d’une foule. C’est de la folie ! Il s’agit d’un jeu barbare, d’autant plus accidentogène que certains joueurs n’hésitent pas à le pratiquer en sirotant des apéritifs anisés. » Elle rappelle d’ailleurs que la mesure d’interdiction comporte une incitation à la citoyenneté : « Toute personne qui remettra volontairement ses boules aux autorités se verra offrir un coffret de jeux de société suédois en carton recyclé. Une occupation inoffensive et civilisée. » Quelque part, dans un bureau finlandais, on a pensé à tous ces amoureux du « beau jeu » et des carreaux balistiques: Björn Ahunsandy est plutôt fier de sa trouvaille : « Il ne s’agit pas d’interdire le jeu de boules, mais bien de le rendre moins dangereux. La directive propose que le projectile utilisé soit d’un poids raisonnable et absolument inapte à blesser celui qui se trouverait sur sa trajectoire. » En clair, la mousse va venir remplacer l’acier. Un consortium de fabricants chinois est, à l’heure où vous lisez ces lignes, déjà en train de remplir des supertankers de triplettes inoffensives et colorées. Finis les « petits bras », les problèmes de gratton : « C’est léger, ça rebondit. On peut jouer sur le bitume. Aucun danger », jubile le Nordique.