Monaco-Matin

À Saint-Jeannet, Richard Orlinski sort du moule

Ses sculptures ont fait le tour du monde. Son tube Heartbeat aussi, auquel s’ajoute ce mois-ci le nouveau single Paradise. Rencontre sur la Côte, dans l’une des fonderies de Richard Orlinski

- FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Il a réussi son coup. On peut même parler d’un coup de maître. Ostracisé par un milieu de l’art hostile à ce « sculpteur des stars» dont les oeuvres s’envolent chaque année à l’amfAR (American Foundation for AIDS Research), Richard Orlinski va droit devant, sans regarder de côté. Son travail serait facile. Pire: décoratif. Il s’en moque, heureux d’être à la fois populaire et prisé. Contrairem­ent à Xavier Veilhan, qui a perdu le procès intenté avec son galeriste pour «concurrenc­e déloyale » et « parasitism­e », Orlinski ne représente­ra peut-être jamais la France à la Biennale de Venise. Mais sa pin-up sortant de la gueule d’un crocodile vogue sur un mégayacht en Sardaigne. Pour cet exemplaire en or massif, un collection­neur italien aurait déboursé quinze millions d’euros! « Je n’ai presque rien gagné. Mais l’exercice était tellement intéressan­t que je ne pouvais pas refuser. C’était un challenge. » Orlinski est représenté par « quatreving­t-dix galeries dans le monde» qui monnaient ses pièces au prix fort. Beaucoup sont produites dans les Alpes-Maritimes, à Saint-Jeannet où il a repris une fonderie voilà quelques années. Une bonne vingtaine de personnes y travaillen­t à la réalisatio­n de tout un bestiaire en aluminium ou en bronze.

La galaxie Orlinski

Des animaux colorés et ludiques dont le gorille Wild Kong est le porte-drapeau, entouré de panthères, d’ours polaires, de crocodiles et de loups à facettes ou en dentelle de métal et d’alliage. On peut y ajouter Jeans, Stiletto, Perfecto. Et bientôt un Tyrex, ainsi qu’une araignée que l’on devine assez différente de celles de Louise Bourgeois ou de Germaine Richier. « J’ai dans mes tiroirs une centaine de modèles en attente », prévient l’artiste qui peine à répondre à la demande: «Nous n’avons aucun stock. Tout est fait au fur et mesure des commandes. » Au total, cent cinquante employés composent la galaxie Orlinski. Une véritable PME qui évoque l’esprit d’atelier d’un Jeff Koons. « Nous ne sommes plus à l’âge de pierre », s’amuse le boss qui se voit en chef d’orchestre ou d’équipe, considéran­t que « l’émulation fait la force ». Actuelleme­nt présenté à Saulieu au côté de François Pompon dans une exposition sobrement intitulée Le choc des Titans, Richard Orlinski, on le redit, se soucie peu de « l’intelligen­tsia bien-pensante » .Encore que, « le succès aidant », quelques critiques auraient tourné leur veste. La création d’un Mickey Magicien pour les 25 ans de Disneyland Paris pourrait aggraver son cas. « Un petit multiple en résine sera vendu 49 Sans Disney, je n’aurais jamais pu sortir une pièce à un prix aussi bas », se réjouit l’intéressé.

Deux films en projet

Son ambition n’est pas tant d’entrer dans l’histoire de l’art que de partager. À lisibilité instantané­e, émotion immédiate. Abolissant les frontières dans le prolongeme­nt d’un Warhol «qui avait tout compris », Orlinski se passionne aussi pour la musique, le théâtre et le cinéma. Deux films en projet et déjà un deuxième single, Paradise ,qui succède à Heartbeat et préfigure un album. Une façon de creuser un sillon qui l’a déjà conduit à se produire devant 11 000 personnes à Paris et 13 000 à Strasbourg. Prochaine étape de cet Electrosho­ck le 7 avril, au Zénith de Nantes, avec notamment Kungs, Feder, Lost Frequencie­s, Petit Biscuit, Julian Perretta, Synapson… Orlinski, parti de rien, a été suivi récemment par une équipe de 50’inside, pour TF1 et dira tout sur son parcours dans son livre, Comment j’ai cassé les codes, à paraître en mai aux éditions Michel Lafon. «Il ne s’agit pas tellement de me raconter mais plutôt de montrer qu’avec énormément de volonté et de boulot, on peut réaliser ses rêves. Je crois beaucoup aux vertus du travail. »

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(Photos Franz Chavaroche) Richard Orlinski et l’un de ses modèles les plus emblématiq­ues : Wild Kong.

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