Prince Albert : « Une prise de conscience »
Quelle a été la genèse de ces explorations scientifiques de Monaco qui seront lancées à partir du mois de septembre ? La genèse, c’est une discussion avec Robert Calcagno, Bernard Fautrier et François Fiat. Ce dernier, armateur du Yersin, avait l’intention de mettre son navire à disposition pour des expéditions scientifiques. C’est un formidable vaisseau et ses propriétaires sont des gens merveilleux, membres du Yacht-club et qui aiment la Principauté. Forts de leur proposition, nous avons voulu mettre l’accent sur des lieux sensibles de la planète.
Ces expéditions s’inscrivent dans une certaine tradition monégasque initiée par le prince Albert-er et le commandant Cousteau notamment ? Bien sûr et c’est ce qui me plaît dans ce projet. C’est une inspiration, mais je ne suis ni le prince Albert-er, ni le commandant Cousteau (rires). Le premier nous a montré la voie, le second a mis le doigt sur les problèmes de protection de certaines espèces en milieu marin, qui sont malheureusement toujours d’actualité. Il faut continuer cette sensibilisation d’un public plus large aux dangers qui menacent les océans. Je me suis engagé dans cette voie-là depuis quelques années pour lancer des alertes. Il s’agit désormais de voir comment on peut contribuer à une plus large prise de conscience.
Comment a été établi le programme des missions de cette exploration ? En accord collégial avec les membres de ce projet. Nous essayerons de visiter quelques uns des derniers endroits les mieux préservés du monde. Notamment l’écosystème corallien ou les aires marines protégées en Méditerranée. Mais nous parcourrons aussi toutes les mers, avec de vrais thèmes scientifiques à chaque étape, et nous communiquerons autour. Le public a les moyens d’être plus averti que jamais mais il y a encore du chemin à parcourir pour que le plus grand nombre comprenne ce qui est entrain de se passer, au niveau de la pollution, des changements climatiques, de la disparition de certaines espèces, de la surpêche, de la nécessité de protéger des écosystèmes qui sont vitaux pour la bonne santé des océans. Les dangers sont partout et les générations futures vont hériter de cette situation. C’est pourquoi nous avons choisi d’agir. Comment comptez-vous sensibiliser le public ? Il faut lancer des alertes qui débouchent sur des actions. Si on ne commence pas maintenant, il sera rapidement trop tard. Les scientifiques ne sont pas toujours d’accord sur les différents scenarii mais il nous reste visiblement très peu de temps pour minimiser les impacts. Un programme pédagogique entoure ces explorations pour toucher les jeunes générations, et les écoliers notamment. Il y aura aussi des communications dans différentes sphères scientifiques. Puis nous travaillerons avec des partenaires locaux, à chaque étape, pour sensibiliser la population et avoir de meilleurs résultats. Si on ne concerne pas les habitants, ça ne peut pas marcher. Ils doivent s’approprier le projet. Participerez-vous personnellement à ces expéditions ? Bien sûr, autant que mes disponibilités le permettront. Je ne peux partir trois mois en mer comme le faisait le prince Albert-er (rires). Je rejoindrais l’expédition une à deux fois par an sur différents sites. Ce sera, je le crois, passionnant. Et je suis très heureux de pouvoir vivre cette aventure de près.
Y a-t-il des sites particuliers qu’il vous tarde de découvrir ? J’ai la chance de connaître la plupart des zones que nous allons explorer. Il y a un lieu, dans le Pacifique, que j’ai toujours voulu aller voir, ce sont les îles de la Ligne. Nous irons aussi aux îles Galapagos. Ce sera intéressant car j’y suis allé il y a quarante ans, je verrais comment l’environnement a évolué. Et si nous avons la possibilité de retourner aux pôles, ce sera bien sûr, avec un grand plaisir.
Vous mettrez votre image au service de cette aventure. Cela vous semble important de personnifier ces explorations ? Je ne le fais pas pour mon ego. Je le fais car c’est un projet qui a eu son origine à Monaco, et qui porte les préoccupations environnementales de la Principauté. Fort de cela, je ne pouvais pas, ne pas en être le porteparole. Mais c’est aussi un travail d’équipe. La Principauté financera en grande partie ces expéditions, sans aucun sponsor de marques. C’est votre volonté ? Il était, à mon sens, important que la Principauté apporte une contribution substantielle. Cela peut paraître des sommes élevées, mais cette expédition participe à un effort international sur une meilleure prise de conscience de ce que nous apportent les océans, dont notre survie à terme dépend. Alors, je pense que c’est un bon investissement. Puis, nous avons trouvé des mécènes qui complètent le financement.
Je ne suis ni Albert-er, ni Cousteau ”