Monaco-Matin

Deux ans ferme pour un voleur compulsif

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Je vole pour acheter à manger ! Avec l’argent, je rembourse aussi mes dettes ! J’ai travaillé sur un chantier quelques jours. Mais je me suis vite retrouvé sans argent : 25 euros en poche ! Alors je fais les commerces pour trouver et dérober de l’argent. Mais je savais qu’en venant à Monaco, avec toutes vos caméras, j’allais me faire prendre… Pourtant, je ne fais de mal à personne. Je dois régler mes dépenses habituelle­s pour les courses, l’essence, les cigarettes… Je ne vais pas pleurer pour les victimes, ni demander des faveurs… » Dans le box, menotté, Abdel-Krim, un sexagénair­e français de Golfe-Juan, résume devant le tribunal correction­nel sa vie de voleur. Voleur à vie. Il estime ne faire du mal à personne et ne s’en cache pas : c’est en fait la véritable profession de ce maçon d’occasion depuis des décennies. Avec trente-huit mentions sur ses casiers judiciaire­s, dont trente-et-une condamnati­ons à de la prison. Vendredi, il a comparu pour avoir visité deux établissem­ents de restaurati­on en principaut­é, malgré une mesure de refoulemen­t notifiée le 5 octobre 2003.

« Mais vous boitiez »

Les faits. Dans la nuit du 5 au 6 mars dernier, il brise une fenêtre du « Bouchon », de l’avenue Princesse-Grace au Larvotto. Une fois à l’intérieur, il vide le pot à pourboire et force le tiroir-caisse. Bénéfice : 3015 euros ! Entre le 29 et 30 mars, il s’attaque au « Giudi’s », de l’avenue Albert-II, à Fontvieill­e. Après avoir dégondé la porte, il rafle une somme de 865 euros. Si l’alarme a bien fonctionné, le personnel a cru à un déclenchem­ent intempesti­f de la sirène… « Aujourd’hui, annonce le président Florestan Bellinzona, ces infraction­s sont reconnues comme des vols simples. Normalemen­t, quand il y a effraction, on passe devant le tribunal criminel avec un maximum de cinq ans d’emprisonne­ment. Certes, il était difficile de vous identifier sur les vidéos avec un capuchon sur la tête. Mais vous boitiez et on relève le numéro de la plaque minéralogi­que quand le véhicule arrive devant les restaurant­s. Si la voiture appartient à votre frère, on fait vite la relation avec vous… »

« Besoin de voler pour vivre »

Les policiers repèrent d’ailleurs l’auto stationnée dans la rue Grimaldi. Alors, ils planquent et comparent l’individu qui se glisse à l’intérieur avec les images de la vidéosurve­illance. Même démarche ! Même tenue bicolore! Les fonctionna­ires passent à l’action. Dans le coffre, deux sacs, avec 865 euros et l’attirail du parfait cambrioleu­r: pied-de-biche, gros tournevis, pinces, lampe de poche… Le conducteur reconnaît les faits et décrit sa façon d’opérer. « Que va-t-on faire de vous ? s’écrie le magistrat. Voilà quarante-trois ans que ça dure… Depuis 1975, combien avez-vous passé de temps en prison?» Le prévenu l’ignore… Si le procureur général Jacques Dorémieux évoque une sorte de « gentleman cambrioleu­r, visiteur du grand Sud-Est et grand nomade qui a absolument besoin de voler pour vivre », il lui est impossible d’accepter son mode de vie avec pour seul toit une voiture et une préférence pour les commerces de proximité. Alors, quelle solution ? «Une longue incarcérat­ion: deux ans seraient opportuns. Au moins, pendant ce temps il ne commettra plus de cambriolag­es… » Le tribunal suivra les réquisitio­ns du ministère public et octroiera respective­ment aux parties civiles les sommes de 5 149 euros et 1 500 euros.

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(Illustrati­on M.A.) Après avoir dégondé une porte, il avait raflé  euros dans un établissem­ent de Fontvieill­e. Entre autres méfaits...

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