L’octogénaire étourdi avait écrasé un piéton à Cannes
Georges, 88 ans, retraité de la police, ancien combattant, homme très honorablement connu, s’est retrouvé hier à la barre du tribunal correctionnel de Grasse. Le prévenu est poursuivi pour homicide involontaire. Il ne fait pas son âge. En revanche, il est dur d’oreille, ce qui contraint le président Joando à mettre ses mains en guise de porte-voix. Le 21 mai 2014, vers 16 h 30, dans l’enceinte de l’hôpital des Broussailles à Cannes, le vieux monsieur, au volant de sa Citroën, s’arrête sur un passage protégé bombé qui sert également de ralentisseur. Il veut éviter à son épouse, qui souffre d’un pied, de trop marcher jusqu’à l’entrée de l’hôpital. Georges reste au volant, sans couper le moteur. Il ne s’aperçoit pas que Sylvie, une Villeneuvoise de 62 ans, a chuté devant son véhicule en traversant. Georges parle avec son épouse qui ouvre le coffre puis s’installe côté passager. Le conducteur enclenche la première et démarre. Le film de vidéosurveillance enregistre alors la scène, atroce. La malheureuse est écrasée, traînée sur sept mètres avant que des témoins horrifiés interviennent. « C’est invraisemblable », souffle l’octogénaire. « Quand je suis sorti, j’ai vu deux jambes. » Des sapeurs-pompiers sont intervenus aussitôt, levant la voiture avec un cric pour extraire la victime. Elle ne survivra pas à ses blessures. Le président Marc Joando tente de comprendre le déroulement du drame : « Vous avez vu dans un premier temps cette femme », rappelle le magistrat. « Elle était dans un état lamentable, confirme le prévenu. Elle était amorphe, titubante, tête rentrée dans les épaules. Je l’ai aperçue puis j’ai regardé en direction de l’escalier de l’hôpital. »« Ce Monsieur était-il en état de pouvoir conduire? », s’interroge le conseil de la partie civile. Le procureur Valérie Tallone requiert un an de prison avec sursis et cinq ans de suspension de permis de conduire.
« Un enchaînement de circonstances »
Le magistrat aurait souhaité de la part du prévenu quelques mots de compassion à l’égard de la victime : « Vous parlez de vous mais vous avez oublié le traumatisme de toute une famille. » Me Stephen Sibboni, l’avocat de la défense, admet que son client n’a pas su exprimer l’émotion ressentie depuis l’accident tragique. L’avocat évoque « un enchaînement de circonstances défavorables jusqu’à l’irréparable ». La victime, en état d’ébriété, venait d’être admise aux urgences. L’avocat s’étonne qu’elle soit ressortie aussi rapidement. Georges, selon un certificat médical, était apte à conduire. « Cet accident aurait pu arriver à n’importe qui », plaide Me Sibboni. Moue dubitative du procureur Tallone. L’avocat rappelle qu’à l’époque du drame, le parquet avait hésité à poursuivre l’automobiliste dramatiquement étourdi. Le vieux monsieur a été condamné à un an de prison avec sursis. Son permis de conduire a été annulé. En espérant, vu son âge, qu’il ne le repassera jamais.