Monaco-Matin

Tape à l’oeil

- TONY DAVID

Où qu’il soit, « Marvelous Gus » passe rarement inaperçu. « Vous avez vu ses entrées avant de monter sur le ring ? », demande son entraîneur. Entre les nuages de fumée, il apparaît dans sa veste rouge brillante. Musique à fond, il danse, bouge, harangue la foule. Clairement, le boxeur aime faire le show. Sur le ring ? C’est la même chose. Six combats pros, cinq victoires dont quatre par K-O. Entre son punch dévastateu­r et son sens du spectacle, il y a comme un air de Prince Naseem Hamed, ce boxeur anglais qui adorait enflammer les salles il y a une vingtaine d’années. Si le poids plume anglais ne s’attirait pas que des amis avec ses provocatio­ns, Gustave Tamba, lui, les aimante lorsqu’il boxe. Lors de chacun de ses combats, ils sont près de 150 à se déplacer pour l’encourager, en plus de sa famille. Preuve que le Varois de 25 ans fait l’unanimité. « Humainemen­t? C’est un amour!, s’exclame Yannick Paget, son coach depuis ses débuts. Au niveau pugilistiq­ue il est spectacula­ire, mais, surtout, il est adoré de tout le monde. Je ne connais personne qui me dit : “Gus on ne l’aime pas”. Personne. » Direction le quartier de Villeneuve, à Fréjus, pour vérifier. Sourire jusqu’aux oreilles, Tamba débarque dans la salle de boxe de l’AMSL, avant l’un de ses entraîneme­nts quotidiens. « Hey Spiderman ! »Son t-shirt rouge, avec une araignée sur le sternum, a fait mouche chez les ados qui s’essaient au noble art, mais qui restent pour l’instant plutôt experts dans l’art... d’être dissipés. On l’aperçoit ensuite à l’extérieur, faisant mine de boxer avec un garçon qui a juste l’âge de tenir debout, sous le regard amusé de son père. Puis, lorsque nous interrogeo­ns son entraîneur, il prend le relais auprès des jeunes, avant de faire le clown plusieurs fois derrière la vitre. Pendant ce temps, Yannick Paget, qui a été deux fois champions de France avant de devenir entraîneur, confie : « Si MK Events (le promoteur avec qui Tamba a signé, Ndlr) est venu le chercher, c’est qu’ils savent qu’il a un potentiel énorme. Cela ne fait que cinq ans qu’il boxe. Je pense qu’il peut aller beaucoup plus loin. Mais, même s’il fait carrière, il ne changera jamais. Il sait d’où il vient, et humainemen­t c’est énorme. » Pourtant, le Raphaëlois a bien failli ne jamais mettre les gants. Il raconte : « Depuis tout petit, je voulais faire de la boxe mais ma mère ne voulait pas (rires) ! Elle me disait : “tu vas te faire mal, on va te donner des coups !” » Le choix se porte donc sur le football, comme beaucoup d’enfants. « Mais je n’aimais tellement pas me fatiguer et courir que je jouais gardien, s’amuse l’homme au rire communicat­if. Puis, j’ai fait des joutes. J’étais plutôt fort… Mais, un jour, je me suis cassé le petit doigt. Je devais avoir 12 ans. J’ai passé un été où je n’ai pas pu en faire... Et je me suis amusé comme un fou. Du coup, je n’ai plus jamais repris (rires). Et je n’ai plus fait de sport pendant quelques années. » Jusqu’à ses 20 ans. Incité par un ami avec qui il travaille, Gustave décide de franchir le pas. Celui qui voulait rester dans les buts, au football, de peur de se fatiguer, décide de pratiquer la boxe. À fond. « Quand on aime quelque chose, on le fait avec amour », explique-t-il. Et les craintes de la maman alors dans tout ça ? « Je lui ai dit : “ne pars pas dans l’optique où l’on va me donner des coups. Pars dans l’optique où c’est moi qui vais en donner !” » Depuis ses premiers pas dans la salle d’Antoine Curti et Yannick Paget, le quotidien de Gustave Tamba ressemble plus ou moins à un ascète, entre le travail – il est conducteur d’engins pour une entreprise de travaux –, la boxe et la maison. « Je me lève à 6 heures, je vais au travail vers 7 h 15. Je fais ma journée de chantier. Quand j’ai terminé, je rentre chez moi, je prends ma douche, je fais mon sac et j’arrive à la salle. J’en sors à 20 h 30, et là, je n’ai qu’une envie, c’est de manger et de dormir. Et le lendemain, rebelote. » La récompense est au rendez-vous lorsque « Marvelous Gus » – son surnom – dispute ses combats. « La boxe, ça m’a offert quelque chose : depuis que mes parents ont divorcé, quand j’avais 7 ans, je n’ai plus eu de photos avec eux. Et la première photo que j’ai eue depuis, c’était lors de mon premier combat profession­nel. Quand je boxe, c’est plus que ça pour moi. À la fin, je gagne, je sors du ring et on se retrouve pour faire des photos. Pour moi, la boxe c’est magique. » Autant d’éléments qui expliquent, sans doute, pourquoi il s’éclate autant au moment de boxer. Un show sur et en dehors du ring qui n’est bien évidemment pas passé inaperçu... Gustave Tamba a signé un contrat de quatre ans avec Malamine Koné, le promoteur le plus en vue du moment en France. Celui-ci aurait aimé son punch sur le ring, son sens du spectacle, sa personnali­té, mais aussi son côté humain. Étonnant, non ?

Humainemen­t ? Gus, c’est un amour !” Je voulais faire de la boxe mais ma mère ne voulait pas.”

Savoir + « Marvelous Gus » disputera son septième combat profession­nel demain soir à Monaco face à l’Italien Mattia Scaccia, dans la catégorie super moyens.

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(Photos Jean-François Ottonello)
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