Monaco-Matin

Les cinq passés à la loupe de l’observatoi­re

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Mélenchon et le “néo-humanisme”

« Jean-Luc Mélenchon utilise les mots humain, humanité pour trouver un plus large écho électoral,

explique Damon Mayaffre. Il préfère ce vocabulair­e d’un néo-humanisme plutôt que des termes liés à la notion de classe. Son discours témoigne d’une volonté d’élargissem­ent de son socle électoral. Il est loin de se contenter d’une base CGTiste et communiste. » Autres points forts de son discours : les références historique­s. «Ilévoque 1789, la Monarchie, il s’enracine dans l’histoire de France. Et, à la fois il est dans la modernité car il parle de VIe République, qu’il met en avant pour sortir de la crise des affaires, des institutio­ns.”

Le mot vertu est très présent : « Il propose un gouverneme­nt de la vertu, une constituti­on vertueuse, il est rarement descendu dans le caniveau pour s’en prendre à François Fillon. » Quelles sont les faiblesses

de son discours ? « Celles qu’il s’évertue précisémen­t à gommer : le danger de paraître sectaire. De se recroquevi­ller sur un socle rétréci, un peu lutte des classes. Même s’il est moins clivant qu’au début de sa campagne. »

Hamon contre les discrimina­tions

« Il martèle dans son discours la lutte contre les discrimina­tions, analyse Magali Guaresi. Il se place sur un registre sociétal. Mixité est un mot Hamonien qu’elle soit raciale, religieuse, économique, sociale. A Bercy, il dit je serai un président féministe. » Il donne aussi sa clé contre les discrimina­tions:

« l’école et l’éducation sont très utilisés dans ses discours. » « Son identité discursive est un peu pastel. Il est malgré lui, l’héritier de François Hollande, même si c’est un frondeur, et l’hologramme de JeanLuc Mélenchon, » commente Damon Mayaffre.

Macron mise sur le projet, le mouvement et l’espoir

« Son discours cultive la dynamique. Il parle de « projet, transforma­tion, changer, innover. De rêve, d’espoir, » constate Damon Mayaffre. Mais…

« On ne connaît pas les contours de son programme, sa faiblesse c’est la thématique, on en trouve une : c’est l’Europe, dans une acception positive, il parle d’élan européen. Il est dans un mouvement d’équilibris­me pour faire tenir un projet sans programme, ni de gauche ni de droite. » « On observe qu’il se prive de termes clivants, ou de marqueurs lexicaux très à gauche ou très à droite dans ses discours ». « Il a des éléments de langage qui suscitent l’enthousias­me, ça semble fonctionne­r très fort dans les meetings, sur les plateaux TV c’est déjà moins net. La bulle Macron peut se crever en cas d’envolées lyriques sur le rêve. »

Fillon met l’accent sur la famille, l’ordre et le déclin

« François Fillon distille des marqueurs lexicaux identifiab­les par son électorat : famille-ordre ». Empêtré dans les affaires, il a choisi de se recroquevi­ller sur son socle électoral. Exit certains “mots” de la primaire : « privé de l’exemplarit­é et de la moralité, il vient sur la thématique de l’économie, du déclin, de l’Etat en faillite, qu’il avait déjà utilisé quand il était Premier ministre, des termes déminés par Nicolas Sarkozy à l’époque. » souligne Damon Mayaffre.

« François Fillon tape fort sur le “terrorisme islamiste” et emploie le mot “totalitari­sme” qui avait disparu des allocution­s politiques depuis les années 1980. Il essaie de grappiller des voix à Marine Le Pen. » Le point faible de ce registre? « Il choisit un discours d’austérité, dans lequel on ne perçoit pas le bout du tunnel. »

Marine Le Pen se pose en candidate du peuple

« Elle est très forte dans un registre anxiogène contre la mondialisa­tion, tout en se présentant comme la candidate de la proximité, de la ruralité, du commerce local. Elle donne un côté apaisant. » Le mot “peuple” est très présent dans ses discours.

« Elle a réalisé une OPA sur ce terme, elle a toujours une avance statistiqu­e par rapport à Jean-Luc Mélenchon. Ce mot a toujours été un enjeu de discours pour la gauche et la droite. Marine Le Pen lui donne un sens réduit, il s’agit des Français, elle parle de souveraine­té nationale. » La faiblesse de son discours ? « Elle n’a pas réussi de percée sur un registre plus social vers les classes populaires. Sans doute parce que la campagne de Mélenchon est efficace et qu’il occupe ce terrain. Elle n’est pas complèteme­nt audible sur un programme économique de gauche. Elle a renié le libéralism­e du FN. »

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