Monaco-Matin

«On s’était préparés à un attentat par armes de guerre….»

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« Nous avions révisé notre plan blanc en prévision de l’Euro et heureuseme­nt, nous avions organisé de nombreuses formations. Le  juillet, nous sommes devenus un poste médical avancé. Nous avons eu un afflux massif de victimes polytrauma­tisées. Nous avons dû prendre en charge de nombreux adultes. Nous avons été envahis par des gens venus se réfugier, par des parents qui cherchaien­t leurs enfants. Quand le plan blanc se déclenche, on se met en mode robot. On avance. Après l’urgence, on poursuit la réflexion. Nous avons tenu à créer un groupe de travail qui comprend des infirmière­s aussi bien que des médecins, des cadres ou des secrétaire­s, pour améliorer encore nos organisati­ons afin qu’elles collent le plus possible aux réalités du terrain. » Ce soir-là, les urgences ont une activité classique. C’est même relativeme­nt calme. On a une dizaine d’enfants. Et, ce qui n’est pas anodin, au bloc, on intervient sur une péritonite. On a l’équipe type : deux pédiatres jusqu’à minuit, un réanimateu­r, un anesthésis­te, cinq internes. Je suis au bloc avec un chirurgien viscéral, un interne et deux infirmière­s qui ont été rappelés.

Puis, l’attentat… Le Samu appelle en disant : “Il y a un accident de la voie publique, il y a neuf victimes avec des arrêts cardiaques sur des enfants”. Les réseaux sociaux aidant, on se rend compte que c’est plus grave. Mais on n’a pas d’informatio­n officielle. Le réseau téléphoniq­ue est saturé. A  h , on n’a toujours pas la notion d’attentat et on est toujours au bloc. Les soignants attendent des blessés sans savoir combien ni dans quel état ils sont.

Et les premiers blessés arrivent .... Dans la première demi-heure après l’attentat arrivent six blessés légers, enfants et adultes. Très choqués. Ils disent qu’il y a des morts partout. Avant  heures, le plan blanc est activé. On appelle de l’aide de l’extérieur, on organise l’hôpital de l’intérieur pour faire face. A  heures, la salle d’urgences est prête. La première victime en urgence absolue arrive à  h . En un quart d’heure, on a six urgences absolues. On est trois médecins. Par hasard, une équipe du Samu d’Antibes, qui était là, a gonflé nos effectifs. Pendant les vingt premières minutes, on a pu gérer. Après les médecins de l’hôpital arrivent, grâce aux réseaux sociaux notamment. Et tout se met en marche. On s’était préparés à un attentat par armes de guerre, avec des blessures de guerre. Là, on a une attaque au camion bélier et des lésions qui ressemblen­t à celles d’un tremblemen­t de terre, des traumatism­es fermés plus durs à prendre en charge que des traumatism­es ouverts : des traumatism­es faciaux, crâniens, des fractures du bassin etc.

La nuit n’en finit pas… La plupart des victimes arrivent dans des voitures, il n’y a pas eu de médicalisa­tion. Ce sont des urgences extrêmes. Il faut trier ces patients pour pouvoir le gérer. Aller très vite. La dernière urgence absolue arrive vers minuit. Au total, on a reçu  patients,  enfants et  adultes, dont onze en urgence absolue. Cent vingt personnes étaient mobilisées.

Les conditions sont extrêmemen­t difficiles. Que faut-il retenir et améliorer ? La collecte des informatio­ns est très compliquée, nous avons eu parfois l’impression de progresser à l’aveugle. L’identifica­tion des victimes est difficile, surtout quand elles sont dans le coma. Nos réseaux informatiq­ues ne sont pas toujours optimaux. Il faut améliorer la communicat­ion qui permet une prise en charge très rapide, avoir des logiciels réactifs qui puissent travailler en temps réel, imaginer, peut-être, dans un premier temps, de travailler sur un dossier papier. Il faut surtout retenir la solidarité et la belle synergie des équipes ce soir-là.

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Ce -Juillet, le début de soirée ressemble à beaucoup d’autres aux urgences... Les victimes sont en urgence absolue...

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