Bataclan :
« À 21 h 40, on a reçu le premier coup de fil », entame Marie Borel, anesthésiste-réanimateur à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et responsable du Plan blanc. Nous sommes le 13 novembre 2015, à Paris. « On nous parle alors d’une explosion », poursuit-elle devant les Dr Marie Borel, anesthésisteréanimateur à la Pitié Salpêtrière soignants qui vont participer à la simulation d’un attentat sur une population pédiatrique et qui viennent déjà de passer deux jours en formation. « À 21 h 45, le deuxième coup de fil, et là, on nous dit qu’il y a un tireur fou dans Paris. Il faut tout de suite se mettre en place ». Dans la seconde, le plan AMAVI, [accueil massif de victimes non contaminées, ndlr], est déclenché. À 22 h 34, on passe la seconde. Alors que des victimes sont déjà arrivées à la Pitié-Salpêtrière, c’est le Plan blanc qui est activé.
En minutes, victimes
« Il faut alors déterminer un chef. Un responsable en zone urgence. Et il faut gérer les arrivées. Difficile dans une telle catastrophe, car l’afflux de victimes est plus important que vos ressources », dit encore cette professionnelle de santé qui a vécu l’interminable nuit parisienne et les jours tout aussi longs qui ont suivi. En 45 minutes, 58 victimes ont poussé la porte de son établissement, ce soir-là. Elle explique également comment il faut penser à « fermer son hôpital» . Pas aux secours, ni aux victimes, bien sûr. Mais « aux journalistes, aux curieux, aux malveillants ». Devant des soignants à l’écoute et un peu stressés, elle ajoute : « Jamais, nous n’avions imaginé avoir un jour autant de patients. » Car même si la Pitié est un hôpital référence en « Trauma center », elle préfère préciser : « Nous avons eu les mêmes problèmes et les mêmes questions ». Avant d’ajouter : « Quoi que vous pouvez imaginer, vous n’aurez jamais le niveau d’imagination des terroristes. Restez avec une marge d’adaptation. »
« Vous faire prendre de l’expérience »
Et oui, les exercices de simulation sont nécessaires : « Cela doit vous faire prendre en expérience. Le but, c’est de faire des erreurs aussi. Mais préparez-vous à vivre quelque chose de positif » Étaitelle, elle-même « préparée» ? Le Dr Marie Borel sourit : « Le matin même, j’avais participé à un exercice sur la procédure interne avec le SAMU ! Le 13 novembre au matin... Alors quand on reçoit le premier coup de fil, pendant trente secondes, on se dit : “Mais c’est une blague ?” ».