Monaco-Matin

ILS ONT FAIT L’ACTU DU  AVRIL 

- ANDRÉ PEYREGNE

l’occasion de l’élection présidenti­elle, nous inaugurons dans les «Chroniques d’un autre temps», une série sur les visites des présidents de la République dans notre région. Aujourd’hui, la visite du président Émile Loubet à Nice et à Toulon les 7 et 8 avril 1901. Elle est relatée par le magazine parisien l’« Illustrati­on » dans son numéro du 13 avril. Le déplacemen­t du chef de l’État a eu lieu à une double occasion : la Fête internatio­nale de la gymnastiqu­e à Nice et la revue de la marine italienne à Toulon. «C’est le dimanche de Pâques, à 3 heures, que Monsieur le Président de la République s’est embarqué, à la gare de Lyon, à destinatio­n de Nice », relate l’Illustrati­on. Après de courtes stations à BoulourisA­gay, à Cannes et à Antibes, le train présidenti­el arrivait lundi matin, à 10 heures, en gare de Nice.

Un arc de triomphe sur la place Masséna

L’après-midi le cortège présidenti­el traverse la place Masséna où a été dressé un arc de triomphe. Le président visite une exposition horticole qui a été organisée en ce lieu puis se rend à la Fête fédérale internatio­nale de la gymnastiqu­e, qui se déroule chaque année dans une ville différente. À Nice, en 1901, elle en est à sa vingt-septième édition. Cette fête a été créée en France après le désastre de la guerre de 1870 pour prouver au monde la force physique de la jeunesse française. Le président Loubet y assiste chaque année. Quelque dix mille gymnastes sont rassemblés à Nice. Témoignage de l’« Illustrati­on»: «Dès que le chef de l’État eut pris place sur l’estrade officielle, commença le défilé des gymnastes, leurs drapeaux flottant au vent. Les sociétés étrangères venues de Prague, de Mons, de San Remo, de Gènes, de Monaco, ouvraient la marche avec leurs bannières. Comme le temps était charmant, doux, égayé d’un joli soleil, ce long cortège de jeunes gens en clairs uniformes a été fort agréable à contempler. » La journée s’acheva par un banquet dans le plus beau lieu de réception de la ville à l’époque: le célèbre Casino de la Jetée-Promenade. Le lendemain, le président Loubet alla se recueillir au cimetière du Château devant la tombe de Gambetta avant de recevoir à la préfecture le grand duc Boris, cousin du tsar Nicolas II. Un jour plus tard, il s’embarquait pour Toulon à Villefranc­he à bord du Saint-Louis. Le journalist­e de l’Illustrati­on avait pu visiter l’intérieur du navire: «On avait aménagé spécialeme­nt les appartemen­ts du magnifique cuirassé en vue de ce voyage, et préparé pour le président une chambre située à l’arrière et à tribord du navire, une salle à manger spacieuse contiguë à cette chambre, en arrière, et enfin un salon de réception, au-delà encore de la salle à manger. Et tout cela, orné de draperies et de plantes.» Direction Toulon, donc, où l’escadre italienne commandée par le duc de Gênes, était arrivée deux jours plus tôt, accueillie par les officiels, parmi lesquels l’amiral de Beaumont, préfet maritime, le maire de Toulon, M. Micholet, le capitaine de vaisseau don Emilio Diaz de Merescu, commandant du navire espagnol le « Pelayo ».

Plongée à bord d’un sous-marin

L’arrivée du président de la République a donné à la ville et à la rade le signal d’une animation nouvelle. Le premier coup de canon tiré par la batterie de la Croix attira sur le port toute la population, tous les étrangers accourus. À 1 heure 50, le président de la République quittait le Saint-Louis pour venir aborder dans l’arsenal, au quai de l’Horloge. Bientôt, le duc de Gênes, commandant en chef de la marine italienne, accompagné de son état-major, se présentait à la préfecture, en grand uniforme, la poitrine barrée du cordon des ordres La courageuse Melle Zelenine est morte En ce  avril , l’« Illustrati­on » annonce à ses lecteurs la mort de Melle Zelenine. Deux mois plus tôt, elle a protégé au péril de sa vie, l’écrivain et homme politique Émile des Saints-Maurice- et- Lazare (N.D.L.R. : principaux ordres honorifiqu­es italiens). Puis il était introduit auprès du président de la République. Au cours de cet entretien, le duc de Gênes remettait à M. Loubet, au nom du roi, le collier de l’ordre de l’Annonciade. Un banquet eut lieu le soir, à Deschanel, père du futur président de la République Paul Deschanel, lors d’un attentat dont il a été victime. Alors qu’il se dirigeait vers sa chaire au Collège de France, une jeune Russe, Vera Gelo, s’est précipitée vers lui pour tirer un l’Arsenal, offert par le président de la République au duc de Gênes et aux officiers étrangers. Le lendemain, le président Loubet s’intéressa, de manière beaucoup moins publique, et même tout à fait secrète au dernier né des sous-marins français, le Gustave Zédé, fabriqué et mis à coup de revolver. Melle Zelenine, qui était une amie de l’assaillant­e et qui l’accompagna­it à cette manifestat­ion, s’est interposée et a reçu la balle qui lui était destinée. Elle est décédée après une agonie de deux mois.

Le Président Loubet devant la tombe de Gambetta au cimetière du château à Nice.

Arc de triomphe à l’entrée de la Fête de la gymnastiqu­e à Nice.

l’eau à Toulon. Il effectua une plongée en compagnie du ministre des Affaires étrangères. C’est ainsi qu’il acheva son voyage à Nice et Toulon. Le lendemain il quittait la côte méditerran­éenne à destinatio­n de Montélimar, son pays natal.

Du 11 avril au 20 mai, Villa SaintHilai­re, impasse E. Boursier-Mougenot àGrasse.0497055853/ www.bibliotheq­ues.ville-grasse.fr. Entrée libre et gratuite «ceux qui rêvaient d’autre chose».

«figuratif, résolument figuratif.»

« Autour des oeuvres papiers»usqu’au 29 avril de 10h30 à 12h30 et de 15h à 18h30. Galerie Saint Louis 12 place du Globe (près de la Maison de la Photograph­ie) à Toulon. Entrée libre. Téléphone : 04 94 22 45 86

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( @ L’illustrati­on) L’arrivée de la marine italienne dans le port de Toulon.5 Réception du Président Loubet à bord du navire italien « Lepanto». Salle à manger aménagée dans le bateau Saint-Louis.

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