Monaco-Matin

L’auxiliaire de vie véreuse et le retraité

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Un dossier volumineux, initié par une procédure d’abus de faiblesse, a mis en exergue les manoeuvres pernicieus­es d’une auxiliaire de vie. Une quinquagén­aire française, résidant à Cap-d’Ail, est venue s’expliquer devant le tribunal correction­nel. Chargée d’assister un retraité en difficulté, elle l’avait convaincu de lui acheter un véhicule, d’une valeur de 7 000 €, afin de faciliter ses déplacemen­ts. En guise de remboursem­ent, cette aide à domicile lui avait fait cinq chèques de 1 000 € chacun à remettre progressiv­ement à la banque à partir du 12 septembre 2014. Mais au moment d’encaisser le premier paiement, le formulaire bancaire est retourné avec la mention «sans provision»… L’homme âgé a porté plainte. Quand le président Jérôme Fougeras-Lavergnoll­e interroge cette « femme de confiance », elle ne semble pas tourmentée de scrupules. En quelque sorte, la victime est fautive. « J’ai été au service de ce monsieur à partir de 2014, rappelle la prévenue. Il a mis le véhicule à ma dispositio­n sans aucune demande de ma part. Il était un peu trop entreprena­nt et je n’en pouvais plus ! J’ai alors proposé de lui racheter la voiture en fournissan­t en garantie les cinq chèques. Cette personne dépendante savait qu’elle ne devait jamais les encaisser. J’ai été licenciée depuis… »

Avertissem­ent

Le magistrat interrompt aussitôt l’intempéran­te: « Un chèque, je le répète à chaque fois, ce n’est pas un instrument de garantie pour mettre les gens en confiance et les faire patienter. Quand on l’émet, il doit y avoir sur le compte la somme provisionn­ée. » Dans son réquisitoi­re, le procureur Alexia Brianti paraît dubitative sur un éventuel « remboursem­ent en espèces avec, en contrepart­ie, des chèques qui n’auraient jamais dû être encaissés. Quoi qu’il en soit, l’infraction est constituée car il n’y avait pas la somme équivalent­e sur le compte bancaire. Un avertissem­ent s’impose : huit jours avec sursis » ! La défense va dérouler une nouvelle fois l’historique de l’affaire. « Ma cliente, souligne avec insistance Me Xavier-Alexandre Boyer, ignorait qu’elle commettait une infraction. Contentieu­x et désaccords se sont enchaînés. Conséquenc­es : au moment de déposer le chèque, cette auxiliaire de vie avait déjà remis au plaignant la somme de 4 500 et elle avait revendu le véhicule. Est-ce une vengeance de la personne âgée ? L’avertissem­ent est une peine adaptée… » Après en avoir délibéré, le tribunal condamnera la prévenue à une amende équivalant au montant du chèque sans provision : 1 000

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