Les pros espèrent encore la réforme du Décret plage
Quatre jours avant la convention nationale des plagistes, les acteurs du secteur se mobilisent pour faire entendre leur voix. Ils souhaitent une prise en compte des particularismes de terrain
Les pieds dans le sable, la tête emplie d’interrogations. Réunis hier sur la plage des Pirates de Juan-les-Pins, les acteurs du secteur touristique ont dévoilé le fil rouge de la convention nationale des plagistes. Une deuxième édition qui prendra place au sein de la station balnéaire mercredi. Une réunion d’ampleur pour évoquer l’avenir du métier remis en question par le Décret plage (lire ci-contre). Et surtout l’occasion de présenter leur deuxième motion. « La première fois, nous demandions un assouplissement », souligne Alain Palamiti, vice-président de l’UMIH pour les plagistes, avant de préciser : « Aujourd’hui, nous demandons une réforme. » Un terme des plus choisis face à une situation que Michel Chevillon, président UMIH Cannes hôteliers, aime à qualifier « d’ubuesque » en l’illustrant d’exemples : « Dans le cahier des charges des nouvelles concessions démontables dites “saisonniers”, on nous demande de remballer les transats tous les soirs. Sauf que dans leurs plans, il n’y a aucun espace de stockage prévu pour cela ! Comment fait-on? On les charge dans un camion tous les soirs et on les transporte le matin ? »
emplois directs
Pour rappel, à l’horizon 2020 – date butoir pour l’application du texte aux plages naturelles – « une trentaine de plages sur quarantecinq auront disparu» dans la cité des Remparts, comme le rappelle Alain Palamiti. Si les candidats ont pu déposer leur candidature jusqu’au16 février dernier pour les lots juanais, leur attribution devrait être effective à l’aube de l’automne. Un bouleversement qui, au-delà de l’année blanche annoncée en 2018 – où l’intégralité de la surface des plages artificielles sera vierge de tout établissement à Juan-lesPins –, inquiète les professionnels du tourisme. Ces derniers redoutent l’impact de cet « amoindrissement de l’offre » sur l’intégralité du secteur. « Moins il y a de possibilités, moins il y aura de monde. Et ce, partout : dans les hôtels, dans les restaurants… », liste Henry Mathey, viceprésident de l’UMIH locale, tout en rappelant le poids de la station balnéaire en terme d’emplois : « Les plages représentent 1 200 emplois directs. Vous quadruplez et vous avez le nombre d’indirects. » Face à leurs nombreuses craintes, ils assurent que « tous respecteront la loi ». Pour autant, ils revendiquent une prise en compte des « spécificités propres à chaque territoire »:« On ne peut pas traiter La Baule et Juanles-Pins de la même manière. Les contraintes sont différentes. »Un message que les pros comptent faire arriver aux oreilles des autorités. « Si la première fois, cela n’a été d’aucun effet avec une fin de nonrecevoir, nous comptons bien que cela change », indique Michel Chevillon, plaçant, comme ses confrères, son espoir dans le changement politique imminent. 1. Union des métiers et des industries de l’hôtellerie. Le Décret plage a été adopté le mai . Il bouleverse l’avenir des concessions de plage, puisque ces dernières ne peuvent plus excéder douze ans – contre trente auparavant. La surface d’exploitation est elle aussi visée par ce texte, puisqu’elle se voit rabaissée sur les plages naturelles à maximum % de la surface et du linéaire – contre % auparavant. Sur les plages artificielles, ce taux passe de % à %. Après la fermeture des plages privées situées sur des sites artificiels à la fin de la saison, ces dernières devront êtres démolies à l’automne. La règle générale est que des structures transportables, démontables et démontées hors saison, six mois par an, leur succéderont. Mais cette durée pourra être étendue selon les stations. Celles dites « classées » pourront rallonger cette durée à huit mois, voire jusqu’à onze mois pour celles bénéficiant d’un office de tourisme quatre étoiles depuis vingt-quatre mois et de deux cents chambres ouvertes en moyenne, du décembre au mars.
Source : notre édition du 13 avril 2017.