Monaco-Matin

Déjà En marche!... pour les échéances à venir

Sympathisa­nts et adhérents d’En marche ! du départemen­t ont savouré, ensemble, la victoire à Nice. Une joie assumée mais empreinte de gravité. Ils savent que tout reste à faire

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

Il est 19 h 59 et des brouettes. Les militants et sympathisa­nts d’En marche ! du départemen­t, réunis dans un bar du centre-ville de Nice, entonnent un compte à rebours enjoué, le coeur aux lèvres. Les yeux déjà mouillés. Il faut dire que Radio Londres est passée par là. Ils savent que Macron est Président. Ils savent aussi qu’il obtient plus de 65 % des suffrages. Ils savent que c’est fait. Mais que tout reste à faire... 20 h, la silhouette du nouveau Président apparaît. L’heure du soulagemen­t. Les larmes de plaisir retenues peuvent couler. Quelques cris. Quelques embrassade­s. Quelques noms d’oiseaux pour « La Le Pen » . Et quelques « Macron, Président ! », comme des encouragem­ents. Incongrus alors que la messe est dite. Mais l’explosion de joie est étonnammen­t furtive. En un instant, le poids de la responsabi­lité vient étouffer la liesse que les sympathisa­nts pouvaient pourtant – légitimeme­nt – s’accorder.

« Tous envie de vivre mieux, ensemble »

Devant l’écran géant, entouré de drapeaux tricolores et d’affiches de campagne, Caroline ReversoMei­nietti, celle qui portera les couleurs d’En marche ! pour les législativ­es dans la 1re circonscri­ption des Alpes-Maritimes, évoque, déjà, cette victoire avec recul et sang-froid. « Cette élection, ça prouve que “Liberté, égalité, fraternité”, ça veut encore dire quelque chose. Ça veut dire que les Français sont prêts à se

battre pour ces valeurs. La victoire de Macron, c’est un espoir. Mais le travail commence. » Il faut, elle le sait, transforme­r l’essai. « Nous avons conscience que dans ces 65 %, il y en a beaucoup qui ont voté contre Le Pen et

pas pour Macron. Je sais qu’il va leur montrer qu’ils ont eu raison. Il va leur donner envie d’être finalement pour Macron. » La jeune avocate niçoise poursuit, assaillie de toutes parts par les militants : « La France est un pays extraordin­aire. Brexit, Trump, on a mis un coup d’arrêt à tout ça ! La France est forte. On vient de montrer qu’on a tous envie de la même chose : vivre mieux, ensemble ». Pas loin de la candidate aux législativ­es, en pleine conversati­on, Patrick Allemand sourit. L’ex-premier secrétaire du PS 06, qui avait appelé à voter Macron dès le premier tour, ne masque pas sa joie. « C’est une énorme satisfacti­on. On voit que le débat du second tour est utile. Il a démontré à quel point la stratégie du FN est dans la dénonciati­on et dépourvue de propositio­ns, alors que le projet de Macron est étayé et financé », commente, à chaud, l’élu socialiste niçois. Il analyse : « Ça restera une élection historique. Elle a placé au second tour deux candidats qui n’incarnaien­t pas le système, même si on a essayé de faire croire le contraire pour Macron. » C’est un vote, ditil, « d’espoir et d’optimisme, alors

qu’on pouvait craindre un vote tenté par le repli sur soi, alimenté par les peurs ».

Mélenchon le grand perdant ?

Pour Marc Concas, élu DVG, c’est une triple satisfacti­on. « Pour Macron, tout d’abord. Ensuite parce qu’il donne à l’Europe et au monde l’image d’une nouvelle France. Il est jeune et élégant, et pas seulement par sa mise, il l’est intellectu­ellement. Et parce que la France rentre enfin dans le XXIe siècle. » Macron béni des dieux ? «Ilatout eu, tout de suite. Il le mérite. Et je sais qu’il va créer un gouverneme­nt des 65 % et pas seulement des 24 % du premier tour. Des sociaux-démocrates en passant par les radicaux de gauche, les écolos, les centristes mais aussi les républicai­ns gaullistes sociaux », espère Concas. L’avocat de profession prévoit d’ailleurs « une fracture sévère ». « Les gaullistes sociaux vont rejoindre Macron dans un pôle progressis­te et les conservate­urs de tous crins, comme Ciotti, n’auront plus qu’à se jeter dans les bras de Marine Le Pen pour tenter de constituer une opposition crédible. » Il pense également que l’un des

grands perdants est... Mélenchon. « Il aurait appelé à voter Macron pour virer encore plus fortement le FN, il aurait pu alors se positionne­r comme l’opposant de Macron. Mais là, il s’est tiré une balle dans le pied. L’opposition, ce sera le FN. On ne joue pas à la roulette russe avec la démocratie. »

« Un gouverneme­nt d’union nationale »

Richard Perrin, référent d’En marche ! pour le départemen­t, au côté de Khaled Abderrahma­ne, référent adjoint, savoure la victoire. Mais, lui aussi, sait le poids que porte désormais le jeune Président sur les épaules. « Nous avons une obligation de résultat, c’est la dernière chance pour les républicai­ns de transforme­r le pays. S’il rate, la prochaine fois ce sera les extrêmes. » Il espère que Macron « va envoyer très rapidement un certain nombre de messages, notamment dans la constituti­on du gouverneme­nt. Il faut qu’il soit vraiment d’union nationale ». « Il l’a dit, il le fera. Je le sais. J’ai confiance », conclut Caroline Reverso-Meinietti.

 ?? (Photos Cyril Dodergny) ?? La silhouette d’Emmanuel Macron apparaît sur l’écran géant du QG azuréen d’En Marche ! dans les Alpes-Maritimes – un bar du centre-ville de Nice – et les militants explosent de joie. Une joie fugace. Le travail commence.
(Photos Cyril Dodergny) La silhouette d’Emmanuel Macron apparaît sur l’écran géant du QG azuréen d’En Marche ! dans les Alpes-Maritimes – un bar du centre-ville de Nice – et les militants explosent de joie. Une joie fugace. Le travail commence.

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