Déjà En marche!... pour les échéances à venir
Sympathisants et adhérents d’En marche ! du département ont savouré, ensemble, la victoire à Nice. Une joie assumée mais empreinte de gravité. Ils savent que tout reste à faire
Il est 19 h 59 et des brouettes. Les militants et sympathisants d’En marche ! du département, réunis dans un bar du centre-ville de Nice, entonnent un compte à rebours enjoué, le coeur aux lèvres. Les yeux déjà mouillés. Il faut dire que Radio Londres est passée par là. Ils savent que Macron est Président. Ils savent aussi qu’il obtient plus de 65 % des suffrages. Ils savent que c’est fait. Mais que tout reste à faire... 20 h, la silhouette du nouveau Président apparaît. L’heure du soulagement. Les larmes de plaisir retenues peuvent couler. Quelques cris. Quelques embrassades. Quelques noms d’oiseaux pour « La Le Pen » . Et quelques « Macron, Président ! », comme des encouragements. Incongrus alors que la messe est dite. Mais l’explosion de joie est étonnamment furtive. En un instant, le poids de la responsabilité vient étouffer la liesse que les sympathisants pouvaient pourtant – légitimement – s’accorder.
« Tous envie de vivre mieux, ensemble »
Devant l’écran géant, entouré de drapeaux tricolores et d’affiches de campagne, Caroline ReversoMeinietti, celle qui portera les couleurs d’En marche ! pour les législatives dans la 1re circonscription des Alpes-Maritimes, évoque, déjà, cette victoire avec recul et sang-froid. « Cette élection, ça prouve que “Liberté, égalité, fraternité”, ça veut encore dire quelque chose. Ça veut dire que les Français sont prêts à se
battre pour ces valeurs. La victoire de Macron, c’est un espoir. Mais le travail commence. » Il faut, elle le sait, transformer l’essai. « Nous avons conscience que dans ces 65 %, il y en a beaucoup qui ont voté contre Le Pen et
pas pour Macron. Je sais qu’il va leur montrer qu’ils ont eu raison. Il va leur donner envie d’être finalement pour Macron. » La jeune avocate niçoise poursuit, assaillie de toutes parts par les militants : « La France est un pays extraordinaire. Brexit, Trump, on a mis un coup d’arrêt à tout ça ! La France est forte. On vient de montrer qu’on a tous envie de la même chose : vivre mieux, ensemble ». Pas loin de la candidate aux législatives, en pleine conversation, Patrick Allemand sourit. L’ex-premier secrétaire du PS 06, qui avait appelé à voter Macron dès le premier tour, ne masque pas sa joie. « C’est une énorme satisfaction. On voit que le débat du second tour est utile. Il a démontré à quel point la stratégie du FN est dans la dénonciation et dépourvue de propositions, alors que le projet de Macron est étayé et financé », commente, à chaud, l’élu socialiste niçois. Il analyse : « Ça restera une élection historique. Elle a placé au second tour deux candidats qui n’incarnaient pas le système, même si on a essayé de faire croire le contraire pour Macron. » C’est un vote, ditil, « d’espoir et d’optimisme, alors
qu’on pouvait craindre un vote tenté par le repli sur soi, alimenté par les peurs ».
Mélenchon le grand perdant ?
Pour Marc Concas, élu DVG, c’est une triple satisfaction. « Pour Macron, tout d’abord. Ensuite parce qu’il donne à l’Europe et au monde l’image d’une nouvelle France. Il est jeune et élégant, et pas seulement par sa mise, il l’est intellectuellement. Et parce que la France rentre enfin dans le XXIe siècle. » Macron béni des dieux ? «Ilatout eu, tout de suite. Il le mérite. Et je sais qu’il va créer un gouvernement des 65 % et pas seulement des 24 % du premier tour. Des sociaux-démocrates en passant par les radicaux de gauche, les écolos, les centristes mais aussi les républicains gaullistes sociaux », espère Concas. L’avocat de profession prévoit d’ailleurs « une fracture sévère ». « Les gaullistes sociaux vont rejoindre Macron dans un pôle progressiste et les conservateurs de tous crins, comme Ciotti, n’auront plus qu’à se jeter dans les bras de Marine Le Pen pour tenter de constituer une opposition crédible. » Il pense également que l’un des
grands perdants est... Mélenchon. « Il aurait appelé à voter Macron pour virer encore plus fortement le FN, il aurait pu alors se positionner comme l’opposant de Macron. Mais là, il s’est tiré une balle dans le pied. L’opposition, ce sera le FN. On ne joue pas à la roulette russe avec la démocratie. »
« Un gouvernement d’union nationale »
Richard Perrin, référent d’En marche ! pour le département, au côté de Khaled Abderrahmane, référent adjoint, savoure la victoire. Mais, lui aussi, sait le poids que porte désormais le jeune Président sur les épaules. « Nous avons une obligation de résultat, c’est la dernière chance pour les républicains de transformer le pays. S’il rate, la prochaine fois ce sera les extrêmes. » Il espère que Macron « va envoyer très rapidement un certain nombre de messages, notamment dans la constitution du gouvernement. Il faut qu’il soit vraiment d’union nationale ». « Il l’a dit, il le fera. Je le sais. J’ai confiance », conclut Caroline Reverso-Meinietti.