Les mécanismes de l’obésité et du diabète décryptés
Des chercheurs niçois réalisent une première en montrant comment le génome des populations évolue, influencé par les activités humaines
Qui suis-je ? D’où viens-je? Où vais-je ? Qu’est-ce qui me diffère des autres ? Ces interrogations fondamentales de l’homme sur lui-même, non résolues à ce jour, trouveront-elles demain des réponses dans les gènes ? Défenseur de l’acquis, ne poussez pas des cris d’orfraie, militants de l’inné, ne criez pas victoire. Les découvertes majeures réalisées par un consortium international dirigé par Jia-Xing Yue et Gianni Liti, deux chercheurs de l’institut niçois, l’IRCAN, spécialistes de génétique des populations, pourraient bien réconcilier vos deux camps en permettant de préciser la part de l’un et de l’autre. De ce qui est lié aux gènes d’une part, de ce qui s’est adapté à l’environnement d’autre part.
Des espèces sauvages et domestiquées
Avec cette découverte, ces deux brillants scientifiques ont réalisé une première mondiale, publiée ce moisci dans la meilleure revue internationale dans le domaine : Nature Genetics. « L’objet de nos recherches est de mieux comprendre les processus évolutifs qui affectent les populations et les espèces et qui conduisent à s’adapter à des milieux différents, à avoir des apparences distinctes ou à ne pouvoir “se mélanger” »» , résume Gianni Liti. Première (immense) étape franchie par les chercheurs : séquencer les génomes de douze souches de levure, modèles d’étude historiques des phénomènes génétiques. « C’est un être vivant simple, au fonctionnement comparable à celui des cellules humaines», justifie le scientifique. Parmi ces douze souches, sept appartiennent à la famille de la fameuse levure de boulangerie (Saccharomyces cerevisiae), une espèce partiellement domestiquée (sélectionnée par l’homme sur la base de certaines qualités), les cinq autres (Saccharomyces paradoxus) leur sont apparentées, mais elles sont restées à l’état sauvage, dans la nature, « à l’abri » de l’Homme. Ils ont ainsi reconstruit des génomes entièrement assemblés, d’un bout à l’autre des chromosomes, produisant ainsi le premier jeu de données génomiques de ce type à l’échelle d’une population. Et, « en comparant de manière systématique ces séquences génomiques, à la fois entre souches de la même espèce (Saccharomyces cerevisiae), mais aussi entre souches appartenant aux deux espèces différentes, on a pu mettre en évidence des contrastes frappants qui, pour la plupart, peuvent être expliqués par l’association étroite entre la levure de boulangerie et les activités humaines», relate le Dr Gianni Liti. Quand le rapport de l’homme à la nature en change la nature.