Quand Proust se plaignait des ébats sexuels de ses voisins
Les voisins dont me sépare la cloison font l’amour tous les deux jours avec une frénésie dont je suis jaloux». Ainsi écrivait Marcel Proust à son ami Jacques Porel, dans une lettre datée du 15 juillet 1919. Mise aux enchères le 26 avril chez Drouot par Pierre Bergé & Associés avec la maison Sotheby’s, la croustillante missive s’est envolée à 28 336 euros, plus de trois fois son estimation initiale ! « Quand je pense que pour moi cette sensation est plus faible que celle de boire un verre de bière fraîche, j’envie ces gens qui peuvent pousser des cris tels que la première fois j’ai cru à un assassinat », poursuit Proust. A cette époque, l’écrivain sous-loue un appartement à l’actrice Réjane, mère de Jacques Porel. Il craint que la propriétaire ne le croît à l’origine des nuisances sonores. « Je serais désolé que Madame votre mère m’attribuât tout ce boucan, qui doit être entendu jusqu’à des distances aussi grandes que ce cri des baleines amoureuses que Michelet montre dressées comme les deux tours de Notre-Dame », dit-il. L’auteur d’« A la recherche du temps perdu » ne restera pas longtemps dans cet appartement. Après y avoir emménagé le 31 mai 1919, il le quittera dès le 1er octobre. Une sage décision pour cet homme qui aimait se couchait tôt. « Les Journées d’expertises Artcurial » se tiendront les et mai prochains et non les et avril comme indiqué dans notre édition d’hier.