Le Philharmonique a fait la fête!
R oulement de tambour. Le chef d’orchestre n’est pas là mais le Philharmonique attaque quand même la Marche de Radetzsky. Au bout de quelques mesures le chef surgit des coulisses. Avait-il raté son bus ? Il court prendre sa place à son pupitre. Mais là, au lieu de se mettre à diriger l’orchestre, il se tourne vers le public et l’invite à frapper dans les mains au rythme de la musique. Oui, comme au concert du Nouvel An !... Ainsi a commencé , vendredi soir, le concert festif par lequel le chef Kazuki Yamada marquait la fin de sa très belle première saison en tant que directeur de l’orchestre monégasque (*). La suite du concert fut du même tonneau. On a vu des musiciens se lever et se déplacer en jouant, on en a vu d’autres se coiffer de chapeaux ou de perruques au dessus de leurs tenues de soirée. On eut droit à une folle série de musiques de Leroy Anderson – ce roy de la musique « légère » américaine des années cinquante. Les musiciens se mirent à aboyer, le public leur répondant en miaulant. Vous voyez le genre ! À un moment vint la pièce célèbre pour machine à écrire dans laquelle s’illustra jadis Jerry Lewis. Ici, c’est Matthieu Draux qui s’y colla – jeune musicien qui nous a fait belle impression dans toutes ses interventions au cours de la soirée. Ah, ces vieilles machines à écrire qui faisaient dring chaque fois qu’on repoussait le chariot…
Un soliste aux chaussures rouges et bras démultipliés
On entendit aussi la Symphonie des
Adieux de Haydn. À l’origine, il s’agissait d’une vraie manif syndicale : en 1772, les musiciens décidèrent de quitter la scène l’un après l’autre pendant le concert pour montrer à leur directeur ce qui resterait de son orchestre s’il n’augmentait pas leurs salaires… Ils obtinrent satisfaction ! Une autre oeuvre fit l’effet d’une bombe, vendredi soir: le concerto pour percussions de Cerha. On ne le connaissait pas. On se disait : que sera Cehra? Et l’on découvrit une oeuvre débordante de sons de toms, de gongs, de cloches, de caisses en tout genre, de xylos ou de marimbas. Un extraordinaire soliste aux chaussures rouges et aux bras démultipliés, Simone Rubino, frappa sur tout ce qui se trouvait autour de lui. Un vrai feu d’artifice ! Il joua par coeur l’ensemble de l’oeuvre. Dans un orchestre monégasque déjà riche en percussions, conduites par ce timbalier d’élite qu’est Julien Bourgeois, on était à la fête ! En bis, l’étourdissant Rubino nous fit un époustouflant numéro de caisse claire. Il n’y a pas à dire: celui-là n’a pas son pareil pour taper dans la caisse !
Ce concert n’était pourtant pas le dernier de la saison. Il y en aura un ultime, vendredi prochain à 20 h 30, consacré à la musique brésilienne, avec présentation des oeuvres à 19 heures 30.