Monaco-Matin

Lucéram: l’ex-taulard avait répondu aux menaces

- CH. P.

La vie de Patrice Nicod, employé de pompes funèbres, a basculé alors qu’il avait 23 ans. Lorsqu’il est parti neuf ans en détention pour une agression sexuelle sur son ex-compagne. À peine sorti de détention, il est reparti en prison et a bien failli être à nouveau jugé par une cour d’assises. C’était le soir du 13 août 2015 à Lucéram. Sa liaison avec Christelle, une fille du village, était mal vue, notamment par le frère de la jeune femme. Des jeunes alcoolisés se sont montrés provocateu­rs et menaçants envers le couple qui se promenait dans le village. Patrice Nicod et Christelle, après être parvenus, non sans mal, à rentrer chez eux, ont essuyé des jets de projectile­s qui ont endommagé le toit et la façade de la maison. Un certain Benjamin a également multiplié les appels téléphoniq­ues malveillan­ts. Le couple appelle alors les gendarmes. Mais Patrice Nicod est un impulsif. Il n’attend pas l’interventi­on des forces de l’ordre. Malgré l’ambiance délétère il ressort avec sa compagne. La tension est à son comble. Olivier, un jeune du groupe, s’approche, mains en l’air, pour, ditil, calmer les esprits. « J’étais menacé, répète Patrice Nicod, jugé hier par le tribunal correction­nel de Nice. Il y avait quatre enfants à la maison. J’ai eu peur. »« Mais pourquoi êtesvous ressorti? », s’interroge la présidente Annie Bergougnou­s. Patrice Nicod porte un coup de couteau dans le ventre d’Olivier. Touchée à l’abdomen, la victime s’écroule. Opéré d’urgence, le jeune homme sera sauvé in extremis. « Il a depuis abandonné son métier d’électricie­n et a dû se reconverti­r en tant qu’éducateur », souligne son conseil, Me Caroline De Cezac. Patrice Nicod, mis en examen dans un premier temps pour une tentative de meurtre, verra les faits requalifié­s en « violences volontaire­s avec arme ».

« Un groupe agressif, alcoolisé, cocaïné »

Dans son réquisitoi­re, le procureur de la République Jean-Michel Prêtre rappelle qu’on est « à la limite du crime ». Tout en soulignant le contexte avec « un groupe agressif, alcoolisé, cocaïné ». « Il y a un seul coup de couteau mais la victime n’était pas hostile, contrairem­ent à d’autres membres du groupe », observe le procureur. La personnali­té du prévenu, au regard d’une expertise psychiatri­que, est qualifiée de « préoccupan­te, avec un risque persistant de passage à l’acte ». Mais un autre expert est beaucoup plus nuancé. Le procureur requiert quatre ans d’emprisonne­ment, un an avec sursis avec une mise à l’épreuve qui comporte les obligation­s de se soigner, d’indemniser la victime et de ne plus paraître dans Lucéram pendant cinq ans. Me Jimmy Blouin, avocat de la défense, met l’accent sur « les intimidati­ons et la violence d’une dizaine de personnes, massées devant le domicile, armées de bâtons devant le domicile », face à« un homme fragilisé par neuf ans de détention ». Un climat singulier que le tribunal prendra en compte dans son délibéré. Condamné à trois ans de prison dont un an avec sursis et trois ans de mise à l’épreuve, Patrice Nicod a le sourire. Il peut espérer une prochaine libération.

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