Monaco-Matin

Hommages à la mémoire du couple de policiers tués à Magnanvill­e

De Versailles à Pézenas, dans l’Hérault, collègues, amis et familles se sont recueillis pour Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider un an après l’attaque djihadiste

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Douleur » qui ne « s’effacera jamais » pour certains, désir de « passer à autre chose » pour d’autres. Un an après le meurtre d’un couple de policiers par un djihadiste à Magnanvill­e (Yvelines), plusieurs hommages solennels leur ont été rendus hier par une profession désignée comme cible par les djihadiste­s. Le 13 juin 2016, JeanBaptis­te Salvaing, 42 ans, commandant adjoint du commissari­at des Mureaux (Yvelines), et sa compagne Jessica Schneider, 36 ans, agent administra­tif du commissari­at voisin de Mantesla-Jolie, ont été assassinés à coups de couteau à leur domicile par Larossi Abballa, 25 ans.

« Un tournant dans l’horreur »

L’attaque s’est déroulée à leur domicile, en partie devant les yeux de leur petit garçon. Avant d’être abattu par le Raid, Abballa a revendiqué son acte au nom du groupe État islamique (EI) en direct sur les réseaux sociaux. Une cérémonie d’hommage s’est tenue, hier au sein du

commissari­at de Versailles, avant qu’une minute de silence ne soit observée devant 200 policiers. « Ce crime atroce a profondéme­nt meurtri les fonctionna­ires de police des Yvelines » et « marqué un tournant dans l’horreur » car c’était « la première fois qu’il y avait un assassinat terroriste chez des policiers eux-mêmes, dans la famille et pas en service » ,a souligné le préfet des Yvelines Serge Morvan. Cette attaque a en effet « modifié la perception

des policiers sur l’ensemble du territoire et ça fait partie des réflexes supplément­aires, notamment sur le trajet entre leur service et leur domicile », a confirmé le commissair­e Gilles Moussiegt, directeur départemen­tal adjoint de la Sécurité publique des Yvelines. Un état d’esprit que confirme Patrice Ribeiro, du syndicat Synergie-Officiers : «Ce type d’attaque, déjà utilisé au Maghreb, au Moyen-Orient, c’est quelque chose qu’on redoutait car ça démontrait la

vulnérabil­ité des policiers, que personne n’était à l’abri » ,autrement dit « l’ignominie poussée à son paroxysme ». D’autant que les forces de l’ordre, déjà frappées en janvier 2015 lors des attentats de Charlie Hebdo, sont des cibles désignées et récurrente­s de l’EI : le policier Xavier Jugelé a été tué par un djihadiste sur les Champs-Élysées le 20 avril et une patrouille de trois policiers a été agressée au marteau sur le parvis de NotreDame par un djihadiste le 6 juin. Pour pouvoir faire face à cette nouvelle menace, le syndicat réclame notamment la possibilit­é pour les fonctionna­ires de police qui le veulent de porter hors service des armes plus légères que leurs armes profession­nelles ou encore l’« anonymisat­ion totale » des procédures.

Une rue de Pézenas en leurs noms

D’autres minutes de silence ont été observées dans les autres commissari­ats du départemen­t, ainsi qu’à Pézenas (Hérault), d’où était originaire Jean-Baptiste Salvaing et où une rue a été rebaptisée hier de son nom et de celui de sa compagne. Mais à Magnanvill­e, commune de 6000 habitants à 60 km à l’ouest de Paris, pas de cérémonie, par souci d’« apaisement », a expliqué le maire Michel Lebouc. Les habitants de la commune « ne voulaient pas de commémorat­ion statique », préférant le « recueillem­ent solitaire », a-t-il souligné. « Les Magnanvill­ois veulent passer à autre chose, mais c’est compliqué. [...] À chaque nouvel attentat, la cicatrice se rouvre. »

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(Photo d’archives AFP) Le portrait de Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider lors d’une cérémonie à Pézenas, dans l’Hérault, en juin .

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