Activités de Lafarge en Syrie : l’enquête confiée à trois juges
Un an après les premières révélations, l’enquête sur le cimentier franco-suisse LafargeHolcim, mis en cause pour avoir indirectement financé des groupes armés en Syrie dont l’organisation djihadiste État islamique (EI), a été confiée à trois juges. Cette information judiciaire, ouverte le 9 juin, vise notamment les chefs de « financement d’entreprise terroriste » et de « mise en danger de la vie d’autrui », a-t-on appris, hier, auprès du parquet de Paris. Elle a été confiée à deux juges d’instruction du pôle financier et à un magistrat instructeur du pôle antiterroriste.
« Le groupe coopérera avec la justice »
L’enquête devra déterminer les liens qu’a pu entretenir le géant du ciment, notamment avec l’EI, pour continuer à faire fonctionner en 2013 et 2014, malgré le conflit, la cimenterie de Jalabiya (nord du pays), un investissement phare pour le groupe. « Le groupe coopérera bien entendu avec la justice s’il est sollicité » ,a indiqué LafargeHolcim dans un communiqué, précisant qu’il «n’a pas été contacté par le parquet » à ce stade. Le scandale avait été révélé par une enquête du Monde de juin 2016 qui avait mis en lumière de « troubles arrangements » entre Lafarge Cement Syrie (LCS), branche syrienne du groupe, et l’organisation djihadiste alors que cette dernière gagnait du terrain et devenait incontournable dans la région. En septembre, le ministère français de l’Économie avait déposé plainte, déclenchant l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet de Paris. Plusieurs responsables et cadres du groupe ont depuis été auditionnés en France, selon une source proche du dossier.