Draguigan : justice pour le chat martyr
Le maire de Draguignan a passé un moment difficile, mais il a su garder son calme hier, face à une foule agressive, choquée par la mort d’un chat errant baptisé Chevelu, que des habitants du centre ancien nourrissaient. Plusieurs personnes, toujours non identifiées, ont torturé à mort ce joli matou dans la nuit du 31 mai. Tous ces gens étaient là pour mettre la pression sur les autorités, principalement la police et la justice afin d’interpeller les coupables et les punir.
« Cet acte ignoble souille notre ville »
Organisé par le collectif Ila (Indignés pour la libération animale), ce rassemblement de près de 300 personnes a donné lieu à des paroles posées, mais aussi à des scènes d’hystérie collective. Au point que les organisateurs ont plusieurs fois dû appeler au calme pour pouvoir s’exprimer et être entendus par tous, malgré la sonorisation ! « En 2017, il n’est plus possible de traiter un animal de la sorte », a dit la porte-parole de l’Ila, Laura Suprano.
Le premier magistrat, Richard Strambio, indigné lui aussi, a trouvé les mots pour apaiser la tension, palpable, et les cris de colère, d’une foule scandant « assassins, assassins », à l’évocation des faits.
« Cet acte ignoble souille ma
ville, notre ville, a-t-il dit. Votre présence pour réclamer justice me plaît. Nous avons mis nos vidéos à la disposition de la police, mais évidemment les faits ne se sont pas produits sous la caméra ». Il a également précisé que deux interpellations avaient eu lieu la veille (1), et a remercié le commissaire et le procureur de la République en charge de cette affaire. Il a aussi lancé un appel aux témoins pour qu’ils se manifestent, leur assurant qu’ils ne seraient pas identifiés.
La politique s’invite
« Je suis l’avocat de Chevelu », a déclaré Me Isabelle Terrin, avocate de l’association des Amis des chats de Draguignan, qui lui a confié ce dossier. Le martyr de ce chat, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase de la cruauté envers les animaux. Chevelu est devenu un emblème, mais il n’est qu’un parmi d’autres. Nous voulons qu’on applique la loi telle qu’elle est, or, elle ne l’est pas. Pour ces faits, elle prévoit jusqu’à deux ans de prison et 30 000 € d’amende. Faisons appliquer la loi… » Alain Manjard, président des Amis des chats de Draguignan, les associations One Voice, Fondation Brigitte Bardot, et d’autres ont porté le même message. Mais aussi deux représentants de partis politiques défendant la cause animale, profitant de cette tribune à la veille du second tour des législatives. Une présence pas au goût de tout le monde… La dernière intervenante a décrédibilisé ce noble combat, en tenant des propos inadmissibles sur les «assassins (de Chevelu), qu’il faut tuer ».
À croire qu’elle ignore que la peine de mort ne fait plus partie de l’arsenal judiciaire français à l’encontre des meurtriers d’un être humain. A fortiori d’un chat.