Des élus solidaires… mais pas que
À l’occasion de sa séance publique, jeudi soir, le Conseil national avait ajouté à son ordre du jour le vote d’une résolution demandant au gouvernement la mise en oeuvre de mesures exceptionnelles d’urgence en faveur des occupants des Jardins d’Apolline. Si pour le président Christophe Steiner, « l’important est de trouver des solutions », la séance s’est transformée en tribune pour des élus impatients de s’exprimer sur ce dossier. Avec notamment beaucoup de reproches au gouvernement, accusé d’avoir agi tardivement. « Parce que le souverain a froncé les yeux et fait la grosse voix, on a l’impression que tout le monde est à plat ventre depuis trois jours et que l’on prend enfin de vraies décisions. Pourquoi avoir attendu autant ? » tance Jean-Charles Allavena. Une crise inédite « Il y a des doutes et de la colère chez les résidents, la réunion a permis un premier pas en avant pour donner confiance à tout le monde», plaide Daniel Boéri. Pour Laurent Nouvion, « nos compatriotes ont besoin d’être rassurés. C’est une crise pour 750 familles comme il n’est jamais arrivé en Principauté». Et Jean-François Robillon d’espérer « que les solutions atténueront leur détresse ». À la question de Jean-Charles Allavena s’étonnant du «silence assourdissant du constructeur », Serge Telle a affirmé que «le gouvernement a demandé des actions judiciaires à l’encontre de l’ensemble des acteurs concernés. Nous avons notre part de responsabilité et nous l’assumerons ». Un expert en contentieux immobilier doit être désigné ces jours-ci par le gouvernement pour l’accompagner dans ce volet juridique. Pour le président de la commission du logement, JeanMichel Cucchi, « la situation n’aurait pas dû en arriver là ». Il espère que des efforts seront faits pour trouver des appartements disponibles dans le secteur libre. «Ça ne sert à rien de se reposer sur l’Engelin. On est dans une situation de pénurie épouvantable qui ne ferait que s’aggraver. » La nature politique est ainsi faite que le vote de cette résolution a été marqué par une passe d’armes entre Béatrice Fresko, d’Horizon Monaco, et plusieurs élus de la majorité. En substance, l’élue a reproché le manque d’investissement des membres de la Nouvelle Majorité. «Vous avez dépensé votre temps en basses manoeuvres, votre énergie en attaques systématiques concentrées sur votre côté gauche et en remerciements obséquieux pour ceux qui se trouvent face à vous. » Une déclaration jugée «lamentable » par Jean-Michel Cucchi : « Utiliser la détresse des gens pour faire de la récupération politique, ne vous honore pas.» Et Béatrice Fresko de répondre au président de la commission logement qu’il n’a jamais inscrit la situation des Jardins d’Apolline à l’ordre du jour des réunions de sa commission. Un échange électrique qui a cristallisé un peu plus encore l’animosité entre élus dans l’hémicycle. Fausse note pour une résolution adoptée finalement à l’unanimité.