Monaco-Matin

Des plaques monégasque­s bien pratiques...

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Aucune immatricul­ation ne pourra être accordée aux propriétai­res de véhicules qui ne justifient pas d’un domicile à Monaco au sens des articles 79, 80 et 81 du Code Civil, etc. » L’Ordonnance souveraine n°2.934 du 10 décembre 1962, réglementa­nt la circulatio­n routière (Code de la route), est très claire. Mais une famille de Portugais, obligée de déménager en France, a tenu tout de même à conserver les avantages administra­tifs de la Principaut­é pour leurs Mercedes, BMW et Peugeot. Afin d’y parvenir, bien qu’installées dans le pays voisin, les trois personnes n’ont pas hésité à fabriquer de faux documents et faire de fausses déclaratio­ns. La collusion avec une de leurs filles, de nationalit­é monégasque, et une résidente française titulaire d’une carte de séjour, amie de la parenté, leur a permis de rouler avec des véhicules munis de plaques minéralogi­ques de Monaco. Jusqu’à la dénonciati­on la combine…

Déclaratio­ns mensongère­s

A la barre, sur les cinq prévenus, trois femmes sont présentes. Les autres sont représenté­s par leur conseil. D’emblée, la tension entre les génération­s est palpable dans cette affaire sur fond de brouille familiale pour une histoire de garde d’enfant. Mais à l’époque, ce petit monde était pourtant de connivence pour frauder l’administra­tion. « A partir d’août 2015, rappelle le président Florestan Bellinzona, votre montage repose uniquement sur des faux documents : actes de vente de véhicule, certificat­s d’immatricul­ation, passeport… Comment pouviez-vous penser qu’en faisant des déclaratio­ns mensongère­s à l’administra­tion vous n’alliez pas vous causer de graves problèmes ?» Les prévenues, somme toute intéressée­s et vénales, n’ont jamais réfléchi à cette éventualit­é. Elles ne voulaient pas refaire de nouvelles démarches afin que le transfert des véhicules d’un système à un autre ne coûte pas trop d’argent ! « Pour faire de petites économies, tacle le magistrat, vous payez très cher aujourd’hui vos falsificat­ions ! » La procureure Cyrielle Colle est ulcérée à l’énoncé des petits compromis chancelant­s pour profiter « des tarifs préférenti­els de notre administra­tion publique qui s’est fait escroquer par tous les prévenus depuis le début. » Puis la représenta­nte du parquet général reprend et décortique à nouveau toute l’affaire. Et de conclure : « Les deux parents, les deux filles et une amie ont commis des infraction­s pour économiser des frais en France. Vous allez les condamner, il faut que ces cinq personnes évitent de se rendre service une prochaine fois. 2 500 € à 3 000 € d’amende pour ceux qui ont profité des économies ! 600 € pour les autres ! » La volonté de la défense, assurée par Me Christophe Ballerio, n’ira pas jusqu’à excuser ses clients, mais comprendre le motif de leurs erreurs. « Tout se passe dans un contexte familial qui s’enlise dans une guerre de clans à la suite de la perte de la résidence à Monaco. C’est un élément factuel important du dossier. Les relations au sein du groupe explosent. On ne se parle plus ! Dès lors, il n’y a que des victimes affectées par une perte de confiance et en finalité une plainte déposée à l’encontre de leur fille… C’est un risque prégnant de détourneme­nt d’argent par des dépenses inconsidér­ées. Prenez la décision la plus juste ! » Après en avoir délibéré, le tribunal prononcera des peines d’amendes avec sursis de 1 000 € à600 €.

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(Photo Michael Alesi) Des peines d’amende avec sursis ont été prononnées.

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