À Valbonne, les yeux rivés sur les feux de forêts
Du 1er juillet au 30 septembre, le Réseau forestier de surveillance et d’alerte déploie son dispositif au maximum. Une nécessité: d’année en année, les départs de feu se multiplient
La friture masque à peine la voix du Talkie-Walkie : «On nous a signalé un départ de fumée au niveau de l’autoroute». Vallée du Loup, Montagnes de Grasse, Massif de l’Esterel… À Valbonne, dans l’une des neuf tours du guet du Réseau forestier de surveillance et d’alerte (RFSA) qui quadrillent le département, le panorama est à 360 degrés. De la forêt, presque partout. La guetteuse Allison Magnetto pointe les jumelles vers la zone indiquée, puis répond par la négative : «pas de confirmation de notre côté ».
Plus de destructions
Les incendies du début de semaine ne font que le rappeler : c’est la haute saison pour les risques de feux de forêt. Du 1er juillet au 30 septembre, le RFSA est au front. Non pas que cet organisme hybride constitué de patrouilles et de véhicules de l’ONF (Office national des forêts) et de la Force06 (Force opérationnelle risques catastrophes environnement) chôme le reste de l’année : il travaille notamment à soigner son réseau de 1600 km de pistes qui quadrille le département. Mais c’est pour que ses sens soient en alerte maximale quand viennent les grandes chaleurs. Et elles sont de plus en plus violentes : ces dernières années, les destructions dues aux feux de forêts n’ont fait qu’augmenter, passant de 30 hectares en 2013 à 546 en 2 016. Autant dire que les 120 hectares partis en fumée à Castagniers ne sont pas là pour inverser la tendance. « On a vécu cette semaine le pire feu depuis 10 ans. Il aurait pu avoir des conséquences extrêmement graves, rappelle Eric Ciotti, président du conseil départemental. D’où les moyens mis en place pour prévenir ces très gros feux. Ici, on est au coeur de l’action de prévention ». Évaluation du niveau de sécheresse, études sur les végétaux, échelonnage du risque (de modéré à sévère) grâce aux bulletins météos… Il s’agit de savoir où regarder pour anticiper au maximum. « La prévention permet d’agir C’est à Valbonne que stationnent les hélicoptères qui sont intervenus à Castagniers. Hommage à la cinquantaine de sapeurs-pompiers des Alpes-Maritimes et de Force06 réunie au conseil départemental hier après-midi. Son président, Éric Ciotti, a longuement salué la prouesse de l’ensemble des personnels mobilisés pour arrêter le feu de forêt de Castagniers : « Vous avez été à la hauteur. Nous sommes fiers de vous, vous avez évité une catastrophe. » La cérémonie s’est poursuivie par la projection d’un film démontrant l’ardeur et la virulence de l’incendie avec des images tournées au plus près du front, suivie de la présentation d’une carte tactique dévoilant la stratégie employée pour arrêter les flammes. Symboliquement, Éric Ciotti a conclu cet hommage par la remise de la médaille du Département à six des combattants présents sur les théâtres d’opération : trois sapeurs-pompiers et trois agents de Force06. très vite. Tout se joue dans la rapidité d’intervention », précise JeanMarie Demirdjian, responsable de Force06. Qui détaille : « Notre rôle, c’est la détection, la confirmation et le guidage. Après, les sapeurs-pompiers prennent le relais. On se tient à leur disposition ».
La fumée noire de Villeneuve-Loubet
Comme ce fut le cas mardi, en fin d’après-midi, quand Allison Magnetto a aperçu une fumée noire du côté de Villeneuve-Loubet. «On sait que c’est mauvais signe, contrairement à la fumée blanche qu’émet un feu superficiel ». Elle a confirmé l’information qu’avait reçue le colonel René Dies en provenance de la décharge. Le directeur du Sdis06 a alors une chose en tête : « il faut beaucoup d’eau pour éteindre un feu de déchets ». Et il craint que les flammes ne gagnent les bois mitoyens. Alors, pour « frapper vite et fort », il fait appel à deux véhicules de Force06, qui peuvent porter 10 000 et 22 000 litres d’eau, contre 1 500 pour un camion-citerne. Cela permet ainsi d’éviter les rotations trop fréquentes des véhicules et d’assurer «la permanence de l’eau », l’arrosage continu. Une nécessité au plus fort de la manoeuvre : les pompiers consommaient plusieurs milliers de litres d’eau par minute. L’objectif principal a été finalement rempli : « Je me demande encore comment on a évité un nouveau feu de forêt », soupire le colonel. Six soldats du feu ont reçu une médaille pour ce qu’ils ont démontré face à l’incendie de Castagniers.