Les papes du rap IAM couronnent une soirée Deluxe
Deluxe ! C’est le nom de la sensation de la soirée d’hier, au Nice Jazz Festival. C’est aussi le qualificatif qui colle à la peau de cette nouvelle affiche réjouissante, revigorante, revivifiante. Les 6 500 spectateurs qui ont résisté aux sirènes de Sting à Juan et de Céline Dion à l’Allianz (dans un tout autre registre, on vous l’accorde...) n’ont pas, mais alors vraiment pas été déçus du voyage. Première classe, le voyage. De luxe ! D’emblée, Seramic donne le ton. « You feel good ? Nice ! Thank you. » Jeu de mot involontaire ou pas, Seramic soigne son jeu de scène. Et ce showman so british gagne franchement à être connu. Entre soul, funk et rock, le garçon et sa bande allument la première mèche. Autant dire que Seramic ne laisse personne de marbre. Quelle pêche ! Pour le voyage en version jazz, embarquement côté théâtre de verdure. Avec Daniel Freedman pour le décollage. Une traversée rythmée par ce vagabond de la batterie, en mode cimbale-le marin. Esthète. L’illustre pianiste Shai Maestro, lui, évoque l’immense Avishaï Cohen, qu’il a accompagné à ses débuts. Aventurier du clavier, il colore d’onirisme son voyage au pays des touches noires et blanches. Quant à Terence Blanchard, l’enfant de la Nouvelle-Orléans, il souffle avec sa trompette un vent de liberté jazz face à la Méditerranée. Mais pour la claque, demandez Deluxe ! Nouveau coup de coeur venu d’Aix-en-Provence, après Chinese Man la veille. Le groupe à la moustache défrise sévère. « Vous êtes chauds les gars, ce soir. On peut dire que c’est le concert à la maison ! » Et dans cette maison, il règne un joyeux boxon. Façon rock’n’roll circus. Qu’ils scandent, qu’ils sautent ou qu’ils dansent, nos joyeux moustachus livrent un show pile poil, qui n’oublie ni les costumes, ni l’éclectisme, et surtout pas le public. Entre rock, funk et électro, lâcher de ballons et final acoustique, les Aixois filent la banane à tout le monde. Les gars, revenez quand vous voulez. Et ben tiens : sur son album, Deluxe a réuni -M- et IAM. Le premier clôt le festival ce soir ; les seconds l’ont comblé hier. Akhenaton, Shurik’n et leurs partenaires sont éternels ! Les Marseillais poursuivent leur Revolution avec les mots pour armes. Pas nés sous la même étoile peut-être, mais le public niçois est tout acquis à ces glorieux ambassadeurs de la planète Mars. A fortiori lorsqu’ils rendent un vibrant hommage aux victimes du 14-Juillet. Bientôt trente ans après leurs débuts, les gars d’IAM restent bien les maîtres du rythme. Et du temps.