Monaco-Matin

Sting : un Englishman à Jazz à Juan

- LIONEL PAOLI

Il fallait être à l’heure. 20 h 30 pétantes. Devant une pinède encore à moitié vide, hier soir à Juan, deux silhouette­s s’avancent sur scène. L’une, marinière rouge à rayures bleues, sourire aux lèvres, s’empare du micro. C’est Sting. Il annonce en français : « Bonsoir. Je vous présente mon fils, Joe Sumner. » Les deux hommes se ressemblen­t comme des… frères. Ils croisent leurs notes sur Heading South On The Great North Road – un blues mélancoliq­ue, extrait du dernier album de l’ex-leader de Police. Moment de grâce. Leurs voix se confondent, aériennes, tandis que les retardatai­res se pressent pour rejoindre leur siège. Puis la star s’esquive. Joe poursuit, seul à la guitare, avec ses propres compositio­ns (Looking For Me Looking For You, Drink). Il fait songer à Springstee­n, un peu. Et à Sting, beaucoup. Trop sans doute. La tornade japonaise déboule quinze minutes plus tard. Hiromi et Edmar Castaneda chavirent le parterre dès leur premier titre. Elle, en robe noire, cheveux de jais relevés en geyser. Jolie comme une poupée de porcelaine. Lui, sweat bleu, casquette vissée sur le crâne. Lui, qui fait sonner sa harpe folle comme la basse de Pastorius ! Elle, qui fait chanter son piano comme un être vivant ! Stupéfiant. Stupéfiant­e. De maîtrise, de swing, de groove. Debout, assise. C’est un festin de notes endiablées, une célébratio­n du plaisir d’être ensemble. Juan-les-Pins est debout. Deux instrument­istes géniaux viennent d’entrer dans la légende du festival. Il était difficile de faire mieux ; Sting a fait différent. Avec un retour salutaire à la case rock, après s’être parfois égaré dans des chemins de traverse. Dès le deuxième titre, avec Synchronic­ity II, il rallume la flamme Police et dégaine un chapelet de tubes en or massif : Spirits In The Material World, An Englishman In New York, Mad Without You... Des versions live très proches des originaux. De Fields of Gold à Message in a Bottle, en passant par un hommage magnifique à Bowie avec Joe (Ashes To Ashes), il fait mouche à tous les coups – voix impeccable et groupe au diapason. C’est clair, toutes les petites choses qu’il fait sont magiques !

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