« Quelques braiments... Intolérable pour certains moutons humains »
Voici la lettre de Jacques Rossi, voisin du propriétaire de l’âne Cannabis, qui s’indigne de la réaction des riverains :
« Selon la tradition bien établie de ce sympathique quadrupède en voie d’extinction dans notre monde où l’espèce humaine prolifère, il entonnait de temps en temps un braiement satisfait du travail accompli. Cet hymne ne résonnait pas plus de cinq fois par jour, ne dépassant pas quinze secondes, jamais la nuit, ni tôt le matin, car notre âne savait vivre, au contraire de beaucoup de ses voisins humains. Et le niveau sonore était, quoi qu’il en soit, bien inférieur à celui des débroussailleuses que l’animal évitait grâce à son appétit, et ne pouvait nuire en aucune manière au voisinage puisqu’il n’était ni fréquent, ni intense, ni sur une longue durée (Art. R. - du CSP). Des aboiements de chiens neurasthéniques et suralimentés, pas de problème… Mais quelques braiments dans la colline, c’était intolérable pour certains moutons humains du Cap et du Gaou Bénat : en effet, pas de place pour ce bruit naturel et nostalgique dans ces domaines où pétaradent à longueur de temps Harley Davidson et toutes sortes d’engins terrestres et maritimes assourdissants, où souvent beuglent les sonos et vocifèrent les gens éméchés, jusque tard dans la nuit, et où des enfants hystériques hurlent sans retenue autour des piscines.