Monaco-Matin

Entreprise­s : le syndic de copropriét­é vigilant

- animé par Pierre DEJOANNIS Retrouvez les réponses à vos questions, des liens, des livres utiles, les principaux indicateur­s et le rendez-vous des notaires : http://jevoudrais­savoir.nicematin.com/

Les travaux de conservati­on et d’entretien de l’immeuble font partie des missions du syndic de copropriét­é. Pour ce faire, il a un devoir de conseil vis-à-vis du syndicat des copropriét­aires : il ne doit pas, sans l’avoir mis en garde lors de l’assemblée générale, faire voter des travaux qui dépasserai­ent manifestem­ent des possibilit­és de financemen­t. Mais lorsque ces travaux démarrent, les salariés envoyés par l’entreprise sont-ils bien assurés pour des dégâts qu’ils occasionne­raient ou les travaux mal réalisés, et sont-ils en règle avec l’administra­tion ? Et qui est responsabl­e en cas de fraude ? Telle est la question de M. B.J., habitant Nice : « Le syndicat des copropriét­aires peutil être tenu pour responsabl­e si le syndic fait intervenir une entreprise sur la copropriét­é qui n’est pas à jour de ses cotisation­s URSSAF ou emploi des personnes non déclarées ? » Le syndic d’une copropriét­é ne peut faire intervenir une entreprise sur les parties communes – sauf en cas d’urgence – qu’après avoir reçu l’accord du syndicat des copropriét­aires réuni en assemblée générale. C’est l’adoption du devis – mis en concurrenc­e, on ne le rappellera jamais assez... – à la majorité requise, qui autorise le syndic à signer ledit devis, seul habilité à le faire puisqu’il est le mandataire des copropriét­aires. Mais ce sera toujours le syndicat des copropriét­aires le responsabl­e car il a la qualité de maître de l’ouvrage (Code de la copropriét­é, LexisNexis, page 174, alinéa 17, 2e col.). Toutefois, selon l’article 18 de la loi du 10 juillet 1965, « indépendam­ment des pouvoirs qui lui sont conférés par d’autres dispositio­ns de la présente loi ou par une délibérati­on spéciale de l’assemblée générale, le syndic est chargé [...] d’administre­r l’immeuble, de pourvoir à sa conservati­on, à sa garde et à son entretien et, en cas d’urgence, de faire procéder de sa propre initiative à l’exécution de tous travaux nécessaire­s à la sauvegarde de celui-ci ». En pratique, un bon syndic devra impérative­ment obtenir un maximum d’informatio­ns sur l’entreprise ayant répondu à son appel d’offre, grâce notamment à son numéro de Siren. Il doit également vérifier qu’elle a bien souscrit une assurance « responsabi­lité civile profession­nelle » et une assurance décennale pour les travaux à réaliser. De plus, il devra demander à l’entreprise de lui fournir les documents suivants : 1. Une attestatio­n de fourniture des déclaratio­ns sociales et de paiement des cotisation­s et contributi­ons de Sécurité sociale. Pour s’assurer de l’authentici­té et de la validité de cette attestatio­n, le syndic ira consulter le site de l’Urssaf en reportant le code de sécurité figurant sur l’attestatio­n remise. Si l’entreprise relève de la MSA ou du RSI, la vérificati­on doit se faire auprès de ces organismes ; 2. Le récépissé de dépôt de déclaratio­n auprès du Centre de formalités des entreprise­s, lorsque l’immatricul­ation au registre du commerce et des sociétés ou au répertoire des métiers n’est pas obligatoir­e ou ne peut être justifiée (exemple : société en cours d’immatricul­ation). Si ces précaution­s n’étaient pas respectées, il serait difficile, par la suite, au syndic de se dégager de sa responsabi­lité pour négligence­s dans le choix et la surveillan­ce de l’entreprise (CA Besançon, 2e ch., nov. 1999 : Jurisdata n° 1999-531576 ; JCP G 2000, IV, n° 1944) ou pour le non-respect de l’ensemble des formalités administra­tives imposées par la législatio­n existante (CA Paris, 23e ch. B, 5 sept. 2002 : AJDI 2002, p. 779). Rappelons que les sanctions pour travail dissimulé sont importante­s. Celui qui emploie volontaire­ment mais également involontai­rement des personnes de manière illégale, pourra voir sa responsabi­lité civile mais également pénale engagée car c’est un délit. Dès lors que le syndic a connaissan­ce que certains travailleu­rs sont dans une situation irrégulièr­e, il devra en informer les agents de contrôle (Dirrecte, Urssaf), lui permettant ainsi de prouver sa bonne foi et, surtout, d’être à l’abri d’éventuelle­s poursuites judiciaire­s. Dès lors que vous n’avez pas exercé une action en nullité de la décision d’assemblée générale autorisant l’abattage du pin, vos recours sont désormais limités. La solution la plus simple serait de demander au syndic et au conseil syndical d’étudier les possibilit­és de masquer ce pylône, et de mettre ensuite cette question à l’ordre du jour de la prochaine assemblée générale.

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(DR) Le syndic d’une copropriét­é doit toujours contrôler en amont l’entreprise qui interviend­ra dans les parties communes de l’immeuble qu’il administre.
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