Les deux vies
La découverte de Kepler-b n’a pas fait que repousser les limites du Cosmos visibles à travers nos télescopes. Elle a également relancé l’hypothèse d’une vie ailleurs que sur Terre autre que celle que la nature nous a offerte et que nos plus éminents scientifiques sont toujours incapables de faire naître dans leurs laboratoires. Avec un distinguo essentiel : la vie intelligente et la vie idiote. La vie intelligente nous a valu Socrate, Pascal, Victor Hugo et Jean d’Ormesson. La vie idiote se présente sous la forme de bactéries assez bêtes pour détruire les organismes humains à l’intérieur desquels elles ont trouvé asile ou de certaines chanteuses n’ayant accédé au langage articulé que grâce à leurs paroliers. La complexité du sujet tient au fait qu’il y a, au moins chez nous, un va-et-vient incessant entre les deux vies. Ainsi est-il arrivé qu’une vedette du show-biz publie ses mémoires et, à l’inverse, qu’on cherche en vain la moindre trace de matière grise chez un philosophe autoproclamé. Encore faudrait-il s’entendre sur la définition du mot « intelligence ». D’après ce qu’on en connaît aujourd’hui, on peut dire que c’est la tendance à se considérer soi-même comme très futé en déniant cette faculté aux autres. En prenant le risque que, entièrement mobilisé par l’estime de ses propres qualités, le cerveau dont on nous assure qu’il ne fonctionne encore qu’à % de ses possibilités, ne puisse prétendre à aucun
progrès.