Le Sud-Est ravagé
Deux mille sapeurs-pompiers engagés pour combattre les feux de forêt en région Paca. Paris demande deux Canadair à l’Europe. L’Italie en a dépêché un en Corse
Le sud-est de la France paie au lourd tribut aux feux de forêt qui sévissent actuellement : plus de quatre mille hectares sont déjà partis en fumée et une vingtaine de secouristes ont été blessés. Hier, pour la deuxième journée consécutive, les sapeurs-pompiers luttaient ardemment contre des incendies, attisés par des vents violents, en Corse et en région Paca. La France a demandé un soutien aérien européen [lire ci-dessous]. En fin d’après-mdi, le ministre de l’Intérieur s’est rendu, hier en Haute-Corse, au chevet des sapeurs-pompiers confrontés à un feu d’une violence inouïe à Olmeta-di-Tuda. Selon un bilan provisoire des autorités, 1 800 hectares ont brûlé en Haute-Corse, 1 350 dans le Var, 865 dans le sud du Vaucluse, notamment près de Mirabeau. Au moins sept sapeurs-pompiers ont été blessés et un autre a été brûlé au second degré dans le Var, et 15 policiers, dont 11 CRS, ont été légèrement intoxiqués par des fumées en Corse. Grâce à des vents moins forts, la Haute-Corse connaissait, hier, une relative accalmie, après des flammes impressionnantes dans la nuit qui ont ravagé les gros maquis et menacé des maisons. A Biguglia, quelques reprises inquiétaient toujours les secouristes dans l’après-midi.
Un suspect interpellé à Propriano
Plusieurs incendies ont été circonscrits également à Propriano (Corse-du-Sud) où 20 ha de végétation sont partis en fumée. Les gendarmes ont interpellé un individu suspecté d’être à l’origine de ces départs de feu. Dans le sud du Luberon (Vaucluse), le feu était contenu, mais toujours actif, selon la préfecture. Une reprise a été signalée vers 13 h à la Bastidonne. Cinq sapeurs-pompiers d’une colonne venue en renfort depuis l’Isère ont été blessés dont deux grièvement. Mais leur pronostic vital n’est pas engagé. Six cents sapeurs-pompiers restaient, hier soir, encore mobilisés pour tenter d’éteindre le feu. Mais ils ne bénéficiaient plus de l’appui aérien « moyens de moins en moins adaptés »
«les sapeurs-pompiers sont proches de l’épuisement »
« Deux tiers des camions spécialisés feux de forêt ne sont plus aux normes modernes. Le renouvellement de la flotte aérienne nationale se fait attendre – ce qui explique que le potentiel n’est jamais disponible à %. Les sapeurs-pompiers ne disposent toujours pas d’un outil informatique unique de gestion opérationnelle (SGO) déployé sur tout le territoire à l’instar de ceux existants (gendarmerie, police et bientôt le SAMU)», car le Var, les Alpes-Maritimes et la Corse sont désormais prioritaires. Seul un Tracker était toujours en service pour larguer du retardant afin de ralentir l’avancée des flammes. A Mirabeau, toujours dans le Vaucluse, une piste de trois kilomètres de long a été créée à l’aide de bulldozers par l’UIISC 7 de Brignoles [lire en bas à droite].
Nîmes touchée par deux incendies
Hier, deux incendies ont eu lieu près de Nîmes (Gard). Le premier, qui a été signalé à 16 h 15, a ravagé 16 ha en l’espace d’environ deux heures sur le secteur de la route d’Uzès. Vingt-neuf camions-citernes feux de forêt (CCF) et 148 sapeurspompiers du Sdis 30 étaient toujours à pied d’oeuvre hier soir pour tenter de le circonscrire Le second, moins méchant, s’est déclenché à la même heure sur la commune de Bouillargues, a parcouru deux hectares. Il a été maîtrisé une heure plus tard. Le représentant du Syndicat national du personnel navigant de l’aéronautique civile (SNPNAC) dans le Gard, Stéphan Le Bars, a dénoncé, hier sur franceinfo, le manque d’avions disponibles dans la lutte contre les feux de forêt. «Tous les ans on se retrouve avec des avions cloués au sol soit par manque de pièces détachées soit parce que la maintenance n’a pas été effectuée en temps et en heure» dit-il. « Ce jour [lire hier, ndlr], il manque 4 Canadair et 1 Tracker en ligne de vol. La raison est simple, [le] manque de pièces détachées » , a précisé à l’Agence France Presse Stéphane Le Bars. « Pendant cette période, les avions ne sont pas dans les airs [...] et le feu fait sa vie. Les sapeurs-pompiers se retrouvent dans des situations très délicates ; ça fait des années que les directions successives ne nous entendent pas », ainsisté le syndicaliste. Selon lui, pour « être efficace, il faudrait avoir 12 avions. Sur Nîmes, on en a 7, sur la Corse 2, soit 9 avions au total », a expliqué le représentant syndical qui a également mis en garde le ministère de l’Intérieur sur un éventuel mouvement social : « Si nous n’avons pas d’audience auprès des ministres, un préavis de grève sera déposé.»