Si on créait deux partis, on réaliserait le rêve de Macron”
Il existe aujourd’hui un risque de fragmentation de notre famille, c’est ce que je veux éviter à tout prix. Mon deuxième objectif est de refonder notre mouvement, et de le refonder en profondeur. Plein de choses ne vont plus. Il faut revoir la place des militants, la place des jeunes, travailler plus les questions de fond et nous ouvrir davantage à la société civile et aux sympathisants. Mon troisième objectif, enfin, est de nous réconcilier avec les Français, dont une partie ne nous regarde plus, ne nous écoute plus, ne nous fait plus confiance, ne vote plus ou vote pour d’autres. Il n’y a ainsi que % des jeunes et % des ouvriers qui ont voté pour notre candidat à la présidentielle. Un parti qui a aussi peu d’écho chez les jeunes et dans les milieux populaires ne peut prétendre gouverner le pays. Trois objectifs donc : rassembler, rénover en profondeur le parti et changer les pratiques politiques. Nous réconcilier avec les Français, c’est faire vivre l’idée de République. Puisque nous nous sommes baptisés Les Républicains, nous devons parler à tous les Français.
Vous proposez des adhésions gratuites pour les sympathisants, un peu comme l’a fait Macron au lancement d’En marche ! N’est-ce pas très artificiel ? Non, parce que je veux juste ajouter au statut de militant un statut de sympathisant. Dans plusieurs grands pays où il y a un parti de droite vivant, existe cette articulation entre sympathisants et militants, ces derniers ayant seuls le droit de voter et trancher. Le statut de sympathisant gratuit pourrait séduire des catégories nouvelles, dont des jeunes, le pas suivant étant d’en faire des militants. Il nous manque actuellement ce volet de sympathisants permettant de dialoguer avec la population. N’est-il pas aujourd’hui trop tard pour réconcilier la famille des Républicains ? Le clivage UDF — RPR des années quatre-vingt n’a-t-il pas repris le dessus ? Non, il n’est pas trop tard, c’est pour cela que j’ai lancé cette démarche intitulée « Sauvons la droite ». Si demain on créait deux partis, voire plus, on réaliserait le rêve de M. Macron qui veut qu’on s’éparpille en chapelles pour mieux régner. On n’a déjà pas réussi à se qualifier pour le second tour de la présidentielle avec un parti, comment demain pourrait-on le faire avec deux ? Moi, j’ai gardé un mauvais souvenir de l’UDF et du RPR car j’ai surtout en tête des guerres intestines. Et puis à l’époque, il n’y avait ni Mélenchon ni le FN. Ce serait suicidaire pour la droite de vouloir aujourd’hui se disperser. Le rassemblement est possible et il est surtout nécessaire. Cela suppose de travailler sur un socle commun, ce qui est réalisable dans la mesure où nous sommes d’accord sur % des choses. Un des chantiers que je veux lancer dès janvier est de redéfinir ce qui est de droite aujourd’hui et ce qui nous distingue d’En marche ! C’est un travail de fond sur nos valeurs. Nous devons dépoussiérer la droite française en veillant à coller à la France d’aujourd’hui. On s’en est coupé parce qu’on a ressassé les mêmes choses depuis dix ans. Ce travail est urgent, on n’a pas assez bossé sur ce qu’est la droite, sur ce qu’on peut proposer pour que le pays aille mieux. Et il faut déconnecter le choix de notre président de celui de notre futur candidat pour , afin de ne pas transformer le parti en écurie présidentielle. Il faut choisir un président qui rassemble, qui ne cherche pas à incarner une ligne politique en particulier, mais incarne la ligne des Républicains. Le président ne doit pas avoir d’ambitions pour . Si je suis élu, je remettrai mon mandat en jeu au bout de deux ans et demi. Il me semble en effet dangereux qu’on élise un président pour cinq ans. Ce serait mortifère de transformer LR en écurie présidentielle. Une ambition personnelle ou l’exacerbation d’un clivage ne ferait que renforcer les divisions.
Vous voulez vous placer au-dessus de la mêlée. Mais quelle est votre filiation et quelles sont vos différences avec Laurent Wauquiez ? Je suis un gaulliste social, j’ai écrit un livre qui s’appelle La France juste. Je pense que la droite doit défendre les libertés économiques, être très ferme et très claire sur les sujets régaliens, mais aussi être attentive aux plus fragiles. L’un de mes combats est de lutter pour l’insertion à l’école des enfants handicapés. Mais en fait, ce débat sur les lignes me met mal à l’aise car je veux défendre la ligne des Républicains. Sur le régalien, la lutte contre le terrorisme et le communautarisme, je me retrouve dans ce que dit Laurent Wauquiez. Mais sur les thématiques sociales, je me retrouve dans ce que dit Xavier Bertrand, qui veut remettre la valeur travail au coeur de tout. Et sur la liberté économique, je me retrouve dans ce que dit Valérie Pécresse. C’est pour ça