Prison ferme pour la voleuse niçoise en série
Huit fois condamnée pour vols et escroqueries par la justice niçoise, de 2006 à 2015, avec le temps d’incarcération approprié ! Et ça continue… Cette femme de 39 ans, invalide, atteinte du VIH et contaminée par l’hépatite C, comparaissait hier matin, menottée, devant le tribunal correctionnel de la Principauté. Pour la première fois à Monaco. Mais toujours pour cette faiblesse incorrigible dont elle ne peut se préserver : la substitution frauduleuse. Mercredi dernier, en effet, la coupable a dérobé sur la plage de l’hôtel Méridien une somme de 300 dans une pochette, un ordinateur portable, 715 en billets et des affaires de bain dans un sac de plage. Dans ses poches, elle détenait également 1,20 g de cocaïne. Les juges ont prononcé une peine de quatre mois de prison ferme.
« Venue prendre des photos »
Le scénario est presque immuable et se déroule par intervalles très courts. Vers 16 h 30, dans l’hôtel de l’avenue PrincesseGrace, très fréquenté avec la saison touristique, un premier client vient se plaindre aux services de sécurité. On lui a pris de l’argent dans sa petite sacoche pendant sa courte absence. Suit une jeune étrangère : son sac a disparu avec toutes ses affaires dans les mêmes conditions. Très vite, une petite femme blonde, vêtue d’une robe longue noire et ample, est soupçonnée. Les policiers, alertés, l‘interpellent. Ils retrouvent tous les biens dérobés dissimulés dans ses vêtements. D’emblée, le président Jérôme Fougeras-Lavergnolle ne cède la moindre concession possible sur les faits et n’abandonne aucun point de discussion. « C’est étrange ! Vous déclarez être venue à Monaco pour prendre du bon temps. Or, vous êtes en invalidité. Ce n’est pas le genre d’hôtel qui convient à votre situation. Dites-nous franchement vos intentions ! » Dans le box, la détenue affiche sa tristesse. « Je n’étais pas venue pour voler. Juste pour prendre des photos. Si j’ai pris cet argent, c’est pour financer mon traitement médical… » Tacle du magistrat : « Pourtant, vous êtes allée vous changer ! Pour éviter que l’on vous reconnaisse ? » Elle évoque son « intention d’enfiler d’autres habits au retour de la plage… » Mais le président ne lâche rien : « Vous avez des problèmes financiers et vous consommez pourtant de la coke… » Quelques larmes sont essuyées avant de déclarer : «C’est un ami qui m’a donné cette drogue. Je l’ai achetée à crédit. Depuis dixhuit années je suis atteinte du VIH. Voilà deux ans que je ne travaille pas. J’ai un enfant de 16 ans… »
« Impossible de vivre avec €»
Le magistrat lui oppose le relevé français des condamnations. Idem pour le premier substitut Olivier Zamphiroff. « Son casier a dépassé le stade squelettique ! Je ne crois pas à une femme venue en Principauté pour jouir d’un agréable panorama. Elle préfère focaliser sur les sacs et profiter du butin. Il faut être amateur pour relier la délinquance à une nécessité de se soigner. Le pays voisin n’a pas laissé cette résidente niçoise sans solidarité. Je ne crois pas non plus au traitement physiologique avec la cocaïne. Madame a besoin d’argent parce que la drogue coûte cher ! Quatre à six mois de prison ferme s’imposent ! » La défense réclamera, à la manière d’une prière, «une peine juste ! Attachez-vous à la personnalité de ma cliente, plaidera l’avocat Thomas Brezzo. Troubles et préjudices auront une réponse pénale ! Mais ne pouvez-vous pas saisir les raisons de ce vol d’opportunité? Cette femme est atteinte des deux maladies les plus terribles de ces dernières années. On peut comprendre qu’elle en arrive à ces faits. Il lui est impossible de survivre avec 400 par mois et elle ne peut pas travailler. Argent et sac ont été restitués. Le prix de la cocaïne ne lui permet-il pas de retrouver une euphorie perdue depuis dix-huit ans?» À la demande de clémence et sursis, le tribunal choisira les réquisitions minimums du ministère public.