Le casse-tête des Républicains
« Il est indéniable que l’électorat de droite existe encore mais il s’est éparpillé façon puzzle »
Près de quatre mois après l’élection d’Emmanuel Macron, le paysage politique français demeure dévasté. Même les difficultés du Président dans les sondages ne profitent pas à ses opposants. Jean-Luc Mélenchon tonitrue, en appelle à la rue, prophétise même que le chef de l’Etat ne finira pas son mandat mais ses excès de langage en font plus un homme de spectacle qu’un opposant crédible. Ses saillies ont, en outre, pour conséquence de rendre inaudible ce qu’il reste du Parti socialiste dont la reconstruction, si elle est encore possible, prendra un temps infini. A l’extrême droite, rien ne va plus également. La voix de Marine Le Pen s’est éteinte dans le désastre de son débat face à Emmanuel Macron. Elle y a perdu l’essentiel de sa crédibilité même si elle a rallié près de millions de voix, preuve que des bataillons d’électeurs existent dans ce camp-là. C’est à eux que pense, entre autres, Laurent Wauquiez pour redresser la barre des Républicains dont il brigue, depuis hier, la présidence. Favori de cette élection qui se déroulera les et décembre, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes est convaincu que la droite doit cesser de proposer « un filet d’eau
tiède » et montrer sa détermination à mettre en oeuvre ses idées et son programme. Lucide, il admet que tout est à terre mais il est persuadé qu’il suffit de souffler sur les braises pour réveiller la flamme et retrouver un espace politique. Il est indéniable que l’électorat de droite existe encore mais il s’est éparpillé façon puzzle : une partie a filé vers l’extrême droite, une autre s’est ralliée au macronisme, demeure un noyau dur, les électeurs qui ont voté Fillon. L’enjeu des Républicains est de rassembler ces droites. Est-ce encore possible ? Ces multiples électorats peuvent-ils faire programme commun derrière un seul leader ? Et comment ? Laurent Wauquiez fait, de toute évidence, le pari de séduire d’abord le noyau dur, les Républicains fidèles , ainsi que l’électorat qui a glissé vers le Front national. D’autres candidats s’opposent à lui, qui considèrent qu’il va trop loin dans la pêche aux électeurs radicalisés et rend ainsi tout rassemblement impossible. De fait, il estime déjà que les Constructifs ne font plus parti des Républicains. Sa stratégie, au fond, repose sur le précepte de François Mitterrand : on rassemble d’abord son camp, ensuite on élargit. Mais cette stratégie gagnante autrefois l’est-elle encore dans le nouveau paysage politique avec un parti central, La République en Marche ! qui repose notamment sur le centre droit ? Or c’est ce centre-droit dont les Républicains auront un jour besoin s’ils veulent retrouver le chemin du pouvoir. Partir trop à droite, c’est courir le risque de s’en couper définitivement. Complexe, la reconstruction de la droite peut vite ressembler à la quadrature du cercle.