Ligne Cuneo-Vintimile : des travaux et une manif
Le chantier de rénovation du tronçon reliant Breil à Tende commence aujourd’hui. Rassemblement hier à Breil pour qu’une deuxième phase de travaux permette le retour à une vitesse de 80 km/h
Hier, à la veille du lancement du chantier de modernisation de la ligne, plusieurs centaines de Français et d’Italiens se sont rassemblées en gare de Breil. Coïncidence ? Pas franchement. Les élus des deux pays, les membres associatifs ainsi que les usagers et amoureux de la ligne ayant à coeur d’exprimer leurs sentiments ambivalents. Prêts à célébrer le début des travaux tant attendus, bien sûr. Mais aussi présents, nombreux, pour appeler à la vigilance concernant la suite des opérations. Alors que le financement de la deuxième phase des travaux est loin d’être bouclé. Que le futur de la ligne n’est clairement pas écrit à l’encre indélébile.
Argent déterminant
« Nous sommes là pour dire notre satisfaction, mais aussi pour affirmer qu’il est temps que nous, Français, mettions également la main à la poche pour financer la suite des travaux », résume le maire de Breil, André Ipert, à l’initiative de la mobilisation – avec l’association des Amis du rail, et le soutien du comité franco-italien pour la sauvegarde de la ligne. La première phase des travaux étant intégralement financée par l’Italie, à hauteur de 29 millions d’euros. « Le seul signe de la pérennisation de la ligne sera un retour à une vitesse de 80 km/h», assène l’élu. Conscient qu’une nouvelle convention de gestion «équilibrée» entre les deux pays, indépendante du « passé revanchard », sera nécessaire pour assurer le maintien d’un «outil indispensable au développement de toutes les vallées traversées ». Responsable des Amis du rail azuréen, Germain Nallino opine. «Trente-huit ans se sont passés depuis la réouverture de la ligne. Ne pensezvous pas qu’on aurait pu la rédiger depuis le temps ? », clame-t-il. Exposant à la foule ses deux autres revendications: « Le budget 2015-2020 doit être finalisé au plus vite pour que l’on ait un retour à une vitesse de 60 km/h avant 2 020. Puis, le budget 2020-2025 devra être suffisant pour une remise à niveau de la ligne avant 2 025. » Pour le porte-parole du comité franco-italien de défense de la ligne, Christian Poirier, les choses sont finalement assez simples: «la balle est désormais dans le camp de la France». Même si à plus court terme, un autre détail l’inquiète : la substitution des trains par des bus entre Breil et Tende. «Nous serons vigilants à ce qu’ils nous remettent bien des trains ensuite », prévient-il. Convaincu qu’une bataille a été gagnée mais que le combat pour la pérennisation continue, le maire de Tende, Jean-Pierre Vassallo, appelle àne «surtout pas baisser les bras». D’autant que la ligne ne se résume pas au seul tronçon Breil-Tende. Mais revêt bel et bien un caractère international. « Il faut à tout prix qu’elle soit en mesure de donner envie, embraie le maire de Touët-de-l’Escarène, Noël Albin. En garantissant sécurité, ponctualité, fiabilité ». Et vitesse. Le train permettant, dit-il, de relier Breil à Touët en 19 minutes. Contre 1h10 en voiture. « Ce devrait être valable pour tous les villages à côté de la ligne…» De ce point de vue, la conseillère régionale Laurence Boetti-Forestier vient avec de bonnes nouvelles : l’étude sur les possibilités d’augmentation de la vitesse devrait être rendue le 12 septembre. De quoi donner, ensuite, du grain à moudre aux deux États pour trouver la solution optimale.
Hulot sollicité
Dans le chapitre des promesses, le suppléant de la députée de la 4e circonscription, Alain Godino, assure que cette dernière va interpeller sous peu le ministre de la transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot. «Pour que tout soit mis en oeuvre afin de retrouver une vitesse digne de ce nom ». En attendant, un nouveau panneau apposé au fronton de la gare de Breil rappellera les enjeux à qui veut les lire. « Les défenseurs de la ligne Nice Sospel Breil Tende Coni/Vintimille sollicitent l’engagement de l’État, les régions Paca et Piémont, les collectivités, la SNCF, pour accélérer les travaux, le processus de normalisation et la pérennité de la ligne ».