Monaco-Matin

« Il ne me reste plus rien, juste ce que je porte sur moi »

Partis dîner le soir de l’incendie, les Londais Dorothée et Yves-Eric Massiani n’ont pu regagner leur somptueuse villa qu’au petit matin. Ils ont découvert une ruine posée sur la lune...

- O. B.

Samedi soir, Dorothée et Yves-Eric Massiani ont passé une excellente soirée chez des amis résidant à Hyères. Sur le chemin du retour, vers 23 h 30, ils se retrouvent coincés, comme beaucoup d’autres automobili­stes, par un barrage à SaintNicol­as, à la sortie d’Hyères. Le feu en toile de fond. Pendant deux heures, ils scrutent les collines au loin, cherchant à distinguer leur villa située au-dessus du château de la Coulerette. « On ne voyait pas bien et puis on entendait des gens dire que les maisons n’étaient apparemmen­t pas touchées », racontent-ils.

L’art de relativise­r

Le couple fait demi-tour et passe la nuit chez ses amis. Vers 8 heures, Dorothée et Yves-Eric regagnent leur domicile. Découvert dans un travelling avant interminab­le avec passeport pour l’angoisse. Un choc. « Un désastre... », soufflent-ils dans un soupir. Quinze ans de bonheur sur la colline. Fondus sur un lit de tristesse. Même pas la possibilit­é d’y pénétrer dans l’espoir d’y extraire un petit trésor perdu dans les ténèbres. Trop dangereux. « Le feu est passé une première fois dans un sens puis dans l’autre. Il a tout ravagé. Il n’y a plus rien et il ne me reste plus rien. J’ai juste ce que je porte sur moi. Je n’ai même pas une pièce d’identité », avance Dorothée sans s’appesantir sur son triste sort. « On se dit que si on avait décidé de protéger la maison comme certains l’ont fait, on y serait passé. On n’était pas là, mon fils non plus et même le chien était avec nous. Finalement, on a eu de la chance », relativise-t-elle avec dignité. Expert comptable de métier, la sinistrée avait aménagé un bureau annexe à son domicile. Ordinateur, papiers, la dernière expertise réalisée deux jours plus tôt... Tout est parti en fumée. Hier matin, le cabinet du maire avait trouvé une solution pour reloger la famille Massiani dans une résidence hôtelière de la commune. A leur convenance. Posée sur un promontoir­e surplomban­t la ville et la baie de La Londe, leur superbe villa se nommait justement La Vigie. Depuis hier matin, elle n’est plus qu’un paradis perdu...

 ?? (Photo O. B.) (Photo F. Muller) ?? Le couple Massiani habitait cette superbe villa depuis  ans. Dorothée et Yves-Eric Massiani ont reçu le soutien moral et logistique de la mairie.
(Photo O. B.) (Photo F. Muller) Le couple Massiani habitait cette superbe villa depuis  ans. Dorothée et Yves-Eric Massiani ont reçu le soutien moral et logistique de la mairie.
 ?? (Photo O. B.) ?? Le toit s’est effondré en grande partie.
(Photo O. B.) Le toit s’est effondré en grande partie.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco