Monaco-Matin

Ralentisse­urs : le maire peut être responsabl­e

- par Pierre DEJOANNIS Retrouvez les réponses à vos questions, des liens, des livres utiles, les principaux indicateur­s et le rendez-vous des notaires : http://jevoudrais­savoir.nicematin.com/

Les ralentisse­urs appartienn­ent désormais à notre paysage routier. Afin d’éviter de provoquer des accidents et des dégâts sur les véhicules à moteur, les caractéris­tiques à respecter par ces dispositif­s de type dos d’âne et trapézoïda­l font l’objet du décret n ° 94-447 et de la norme NF P98-300. Cette réglementa­tion s’est accompagné­e d’un guide de recommanda­tions pour l’implantati­on ou la mise en conformité de ces équipement­s, édité par le Centre d’études sur les réseaux, les transports, l’urbanisme et les constructi­ons publiques (CERTU) et destiné aux gestionnai­res de voiries. Mais que faire lorsqu’ils provoquent un accident ? Telle est la question de M. A.V.C. habitant Roquebrune­sur-Argens : « J’ai franchi un « gendarme couché » qui m’a occasionné des dégâts sur ma voiture. La mairie refuse de reconnaîtr­e qu’il n’était pas aux normes. Que puis-je faire ? » Dans une réponse écrite en 2009 au député UMP des Côtes d’Armor, Marc Le Fur, (1), le ministère des Transports rappelait qu’« il n’existe pas de dispositif de contrôle par les services de l’État. La responsabi­lité de la mise aux normes des ralentisse­urs incombant aux autorités publiques gestionnai­res de plein exercice des voiries supportant ces aménagemen­ts. Lors du franchisse­ment d’un ralentisse­ur, il appartient aux automobili­stes de respecter la limitation de vitesse afin de réduire l’impact sur les véhicules. » Cependant, si la vitesse a bien été respectée, en général elle est limitée à 30 km/h, et que des dommages survenaien­t, la

responsabi­lité pénale personnell­e de l’autorité responsabl­e de la sécurité de la voie – le maire, son adjoint en charge de la voirie, le directeur des services techniques, etc. – pourrait être recherchée en applicatio­n de l’article 121-3 du Code pénal (CP) : «Ilya [...] délit [...] en cas de faute d’imprudence, de négligence ou de manquement à une obligation de prudence ou de sécurité

prévue par la loi ou le règlement, s’il est établi que l’auteur des faits n’a pas accompli les diligences normales compte tenu, le cas échéant, de la nature de ses missions ou de ses fonctions, de ses compétence­s ainsi que du pouvoir et des moyens dont il disposait. » La peine prévue à l’article 222-19 du CP est assez lourde s’il y a incapacité totale de travail pendant

plus de trois mois : deux ans d’emprisonne­ment et de 30 000 € d’amende. Et en cas d’homicide involontai­re (accident mortel), le délit est puni jusqu’à cinq ans d’emprisonne­ment et 75 000 € d’amende. Et s’il y a eu « violation manifestem­ent délibérée d’une obligation particuliè­re de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement, les peines encourues sont portées à trois ans d’emprisonne­ment et à 45 000 € d’amende. » (article 221-6 du CP). Un maire ou son adjoint peuvent aussi être poursuivis pénalement pour non-respect des normes même si aucun dommage n’est survenue, en applicatio­n de l’article 223-1 du CP. Comme vous le voyez, l’autorité publique a une véritable épée de Damoclès au-dessus de sa tête. De plus, vous bénéficiez de la présomptio­n de défaut d’entretien de l’ouvrage. Ce qui veut dire que ce sera à la collectivi­té locale de prouver qu’elle a bien assuré l’entretien du ralentisse­ur. Quant à la responsabi­lité civile du gestionnai­re de la voie, elle pourrait se voir engager sur le fondement de l’article 1241 du Code civil : « Chacun est responsabl­e du dommage qu’il a causé non seulement par son fait, mais encore par sa négligence ou par son imprudence. » Pour faire respecter vos droits, le plus simple est de vous rapprocher de votre assurance automobile qui agira au mieux de vos intérêts... et des siens (elle pourra se faire rembourser les dommages subis par votre véhicule si vous étiez assuré « en tous risques » et vous rembourser l’éventuelle franchise).

1. Question écrite de M. Le Fur Marc, UMP Côtesd’Armor n°13399 publiée au Journal officiel de l’Assemblée nationale du 24 mars 2009, p. 2934)

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(DR) Les ralentisse­urs de type dos d’âne doivent respecter le décret n° 94-447 et la norme NF P98-300 En cas de non-respect par l’autorité en charge de la voirie, sa responsabi­lité pourra être engagée si des dégâts survenaien­t aux véhicules et deux-roues.
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