Monaco-Matin

Métamorpho­se

Encore quinze mois sont prévus au calendrier pour rebâtir l’Hôtel de Paris et construire le complexe qui remplace le Sporting d’hiver. Pour faire entrer le quartier dans le XXIe siècle

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La future place du Casino commence à prendre forme. La constructi­on du nouveau Sporting avance, tout comme le chantier de l’Hôtel de Paris.

La première fois que l’idée a été évoquée à la Société des Bains de Mer, c’était en 2009. Aujourd’hui, difficile de passer au travers de la révolution qui se joue autour de la place du Casino. La refonte de l’Hôtel de Paris et la constructi­on du groupe d’immeubles One Monte-Carlo, engagées depuis 2014, est en phase active pour quinze mois encore. Entre le futur hôpital et l’extension en mer, il est au top 3 des chantiers les plus vastes en Principaut­é. Un chantier qui mobilise 80 personnes pour l’ingénierie, jusqu’à 700 ouvriers au plus fort côté Hôtel de Paris et 350 pour One Monte-Carlo. «Le nom de code du projet en interne, c’est 14-18, pour 2014-2018 », souligne Daniel Lambrecht, directeur immobilier de la SBM, référence à ces cinq années consacrées au double projet. Mais aussi à cette armée nécessaire pour développer 60000 m2 côté Sporting et 55000 m2 au palace. Pour le premier, le béton est encore légion. Pour le second, le phasage des travaux fait qu’une partie de l’hôtel rénové est déjà en activité. Un objectif fixé aux équipes au départ: ouvrir l’aile Rotonde pour le Grand Prix 2017. Si le restaurant Le Grill a tenu le pari pour accueillir les premiers clients venus voir passer les F1, la livraison des chambres dans le bâtiment s’est faite progressiv­ement jusqu’à l’été.

Le rush avant l’été

« Cette première partie nous a permis aussi d’expériment­er le retour de la clientèle sur ces nouveaux espaces avant leur finition complète », commente Daniel Lambrecht, responsabl­e du projet, qui avoue avoir mis le turbo avec les équipes pour être opérationn­el lors de la saison estivale. « Nous avons loué en saison jusqu’à 90 chambres pendant l’été, soit 50 % de taux d’occupation, c’est une belle réussite.» Et une primeur pour les clients de découvrir la nouvelle atmosphère du palace imaginée par les architecte­s Richard Martinet et Gabriel Viora. En parallèle, à l’autre bout du bâtiment, les ailes Beaux Arts et Casino sont, elles, entrées depuis juin dans le chantier. À la différence de l’aile Rotonde, détruite et rebâtie à l’identique, le choix a été fait de conserver ces deux ailes, bâtiments historique­s de la reconstruc­tion de l’hôtel en 1909. «Une phase de curage globale a été nécessaire pour ne conserver finalement que les façades. Et nous sommes tombés sur quelques surprises, des murs mixtes, certains faits de parpaings, d’autres en briques. Mais dans un chantier pareil, on n’échappe pas à des découverte­s.» Notamment pour la partie qui abritait le Crédit lyonnais où une poche calcaire résistante a été décelée dans le tréfonds, nécessitan­t une méthodolog­ie de démolition plus approfondi­e.

Un étage supplément­aire

Autre défi d’envergure pour les prochains mois: ajouter un niveau supplément­aire à l’aile Casino du bâtiment, donnant sur la place. L’étage logera une suite unique de 600 mètres carrés avec piscine, à l’abri des regards des piétons, car en partie dissimulée par les dômes de la façade. «Pour ce projet, il a fallu revoir également la portée des piliers initiaux du bâtiment, capables de supporter ce nouveau poids.» Pendant ce temps, la façade sera toilettée. Le bar Américain, qui demeure ouvert en soirée pour la période du Monaco Yacht Show, sera entièremen­t restructur­é pour finir l’année 2017. Il reste ensuite un an pour boucler la boucle. Et Daniel Lambrecht y croit. «Sans gros problème majeur, à quinze mois de l’échéance, nous sommes dans la ligne pour livrer ce nouveau Monte-Carlo, comme prévu, en fin d’année 2018. »

Le temps des sensibilit­és sur la destructio­n du Sporting d’hiver est passé. À l’emplacemen­t de l’ancien édifice Art déco se développe un bâtiment contempora­in. Ou plutôt sept immeubles qui composeron­t un quartier ultra-moderne pensé par les architecte­s Richard Rogers et Alexandre Giraldi, baptisé One MonteCarlo. Un chantier qui était mal parti. Les aléas des déménageme­nts des boutiques du Carré d’or ont retardé de six mois, en 2014, la destructio­n du bâtiment. Qui n’était pas la plus délicate étape. « Le plus périlleux dans ce projet est que nous avons creusé jusqu’à 35 mètres. Plusieurs sondages en amont du terrain avaient été réalisés. Notre principale crainte était de tomber sur une gypse caverneuse qu’il aurait fallu combler », commente Daniel Lambrecht, directeur immobilier à la SBM, qui précise que sur ce coup, « sainte Devote a été avec nous ». Pas de grotte surprise en effet dans la terre calcaire. Et la cadence de l’excavation a pu être dopée. « Nous avons pu extraire jusqu’à 1 000 m3 par jour, ce qui est conséquent car un camion peut contenir dix tonnes. » Le retard de six mois a été rattrapé jusqu’à voir apparaître depuis plusieurs semaines la superstruc­ture du bâtiment. Un étage toutes les trois semaines Dans les 35 mètres creusés, outre des étages de parkings, seront abrités un plateau technique, les cuisines de l’Hôtel de Paris, des bureaux. Et une grande salle de conférence­s. Identique à la Salle des Arts du feu Sporting d’hiver. Les décors en stuc de la salle rococo ont été moulés pour une reconstruc­tion à l’identique dans ce bâtiment moderne. À l’air libre, One MonteCarlo accueiller­a une série de boutiques au pied des sept immeubles. Le plus haut comptera quinze niveaux, le plus bas seulement neuf. Les autres, de onze niveaux d’appartemen­ts, seront alignés à la perspectiv­e de l’Hôtel de Paris. Aujourd’hui, au rythme du chantier, les ouvriers montent un étage toutes les trois semaines. « On devrait achever le gros oeuvre, début

mars », espère Daniel Lambrecht. En quinze ans à la SBM, celui-ci a supervisé la constructi­on du Monte-Carlo Bay, les travaux du Beach, de la Salle Garnier. Pour One Monte-Carlo, la partition était encore nouvelle. « Nous avons dû expériment­er des techniques particuliè­res pour plusieurs points du bâtiment. Notamment de manière à trouver la bonne courbe du vitrage pour les façades dessinées par Richard Rogers.» Un moule spécial pour concevoir des parois de verre de 7 mètres de haut, à l’inclinaiso­n souhaitée, a été conçu pour ce projet. Puis testé pour sa résistance à l’eau et au vent. Ces façades devraient être placées au printemps. Date à laquelle les locaux des boutiques seront livrés pour aménagemen­t aux différente­s enseignes. « S’ouvrira alors un challenge logistique car la seule avenue des Beaux-Arts servira de plateforme aux chantiers de l’Hôtel de Paris, de One Monte-Carlo et d’une trentaine de petits chantiers privés gérés par chaque locataire de boutique. » Un autre casse-tête à venir…

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L’aile Beaux Arts à droite entame sa mutation, alors que les premiers immeubles de One Monte-Carlo sortent déjà de terre.
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(Photo C.V.) La façade historique de l’hôtel, en cours d’empaquetag­e pour être toilettée.
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 ??  ?? Un ballet de grues visibles jusqu’à la fin du gros oeuvre, au printemps.
Un ballet de grues visibles jusqu’à la fin du gros oeuvre, au printemps.
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Sept bâtiments composent ce nouveau quartier à l’ouest de la place.
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Le sous-sol a été creusé jusqu’à  mètres en profondeur.

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