Les Ballets ont triomphé au Bolchoï
Monaco a continué de séduire Moscou hier soir lors de la représentation de La Belle par les danseurs de Jean-Christophe Maillot, qui ont triomphé. Ou quand la culture draine l’économie
Qui a dit que la culture ne servait à rien ? Qu’il se dénonce ! Dans nombre de pays, et même de médias, la culture est le parent pauvre. Le premier à trinquer quand il faut se serrer la ceinture. Parce que les comptables pensent que ce n’est que du show. Parce que ça ne produit pas. Ou pas de façon assez visible. C’est une erreur colossale. Aussi énorme que le théâtre du Bolchoï, et ça n’est pas peu dire. Parce que si les Journées de Monaco à Moscou ont remporté un franc succès (voir notre édition d’hier), c’est précisément parce qu’elles s’étaient greffées sur la présence des Ballets de Monte-Carlo dans la capitale russe. Ce fut l’idée proprement géniale de l’ambassadeur de Monaco auprès de la fédération de Russie, Mireille Pettiti.
Un travail reconnu
La compagnie de Jean-Christophe Maillot a sa réputation là-bas. Le chorégraphe lui-même est connu et apprécié. La compagnie du Bolchoï a dansé sa Mégère a de multiples reprises. «Il n’y a pas beaucoup de chorégraphes qui sont aussi brillants. Travailler avec Jean-Christophe Maillot est un bonheur. C’est un professionnel exceptionnel, avec son langage et sa culture» lance Makhar Viziev, directeur artistique du Bolchoï. Il confie qu’il n’a « pas reconnu » sa danseuse étoile Olga Smirnova, tant elle a été sublimée par le travail de Maillot. Mais aussi par le duo époustouflant qu’elle a formé avec le soliste de Monte Carlo, Alexis Oliveira. C’est lui qui a endossé le rôle du Prince de cette incroyable Belle, adaptation de la Belle au bois dormant. La veille, le danseur étoile russe s’était blessé. Oliveira a repris le rôle au pied levé. « C’est vraiment un honneur pour moi de danser ici, surtout avec la danseuse étoile. J’ai déjà dansé ici, mais à chaque fois, c’est comme la première fois. C’est un lieu tellement mythique. C’est ici qu’on a élevé la danse au rang d’art qu’elle occupe aujourd’hui» s’émerveille-t-il quelques heures avant la représentation.
Étoile solaire
Et tandis qu’elle envoûtait le public par la perfection de sa grâce, Alexis Oliveira la complétait par sa puissance solaire, dans une combinaison d’une parfaite sensualité, propre au travail de Maillot. «Alexis est tellement émotionnel, tellement absolu. Il m’a donné toute la confiance dont j’avais besoin pour exprimer totalement mes émotions, confie Olga Smirnova après la représentation, les yeux encore étincelants. JeanChristophe me corrige, il m’apporte beaucoup de soutien. Grâce à lui, je découvre une autre part de moi-même.» Jean-Christophe Maillot se disait très «excité» avant la représentation, car «C’est le seul théâtre de cette dimension où la danse est plus importante que l’opéra, où cela coûte plus. C’est un public de vrais connaisseurs, de fans!». Le triomphe n’en fut que plus exceptionnel. Quand la chaleur d’Oliveira a embrassé l’élégance de Smirnova, leur couple a illuminé la scène la plus mythique de l’univers de la danse. Monaco a rayonné sur la capitale moscovite. À eux deux, ils ont démontré ce que chacun des deux pays est en mesure de s’apporter, lorsque tout est sublimement orchestré.