Monaco-Matin

Dix passeurs arrêtés en un week-end

À voir le nombre de passeurs interpellé­s ce week-end, la pression migratoire ne faiblit pas à la frontière. Sept suspects dans quatre affaires distinctes ont été condamnés, hier après-midi, à Nice

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin. fr

Est-ce lié à une nouvelle vague migratoire à la frontière franco-italienne ou à une intensific­ation des contrôles ? Depuis vendredi, la police aux frontières (PAF) a multiplié les interpella­tions nocturnes de passeurs de clandestin­s dans le secteur de La Turbie. Les étrangers sans papiers, pour la plupart Tunisiens, candidats au séjour dans l’espace Schengen, ont été réadmis en Italie. Dix passeurs au total, avec des profils très différents, ont été présentés au parquet. Ils ont ensuite été jugés dans le cadre de comparutio­ns immédiates hier et avant-hier avant d’être condamnés. Les peines infligées oscillent entre six mois avec sursis (le passager d’une voiture, acteur passif du délit)et deux ans de prison ferme infligés à des « profession­nels » qui tirent profit de la détresse des migrants. L’un d’eux, domicilié en Italie, a été flashé à plusieurs reprises cet été sur l’A8. Ce qui pose question sur la régularité de son activité occulte.

Véhicules confisqués

Les véhicules qui ont servi à la commission du délit ont été saisis par la justice. Ils ne seront jamais restitués à leurs propriétai­res. Certains prévenus disent avoir agi par opportunit­é, d’autres sous la pression familiale, d’autres encore sont manifestem­ent les sous-traitants d’organisati­ons structurée­s. Tous affirment, main sur le coeur, qu’ils ont agi par humanité, sans contrepart­ie financière, en rencontran­t par hasard à Vintimille un ou plusieurs autostoppe­urs. Les avocats de la défense évoquent « la maladresse », « l’inconscien­ce ». Des arguments qui peinent à convaincre les magistrats qui ont à juger ces affaires. Les conseils espèrent « l’indulgence » du tribunal surtout quand leurs clients sont insérés, bénéficien­t d’un emploi, d’une famille et d’une adresse. Certains suspects viennent de très loin. Ils sont domiciliés à Gênes, à Toulouse, à Cergy-Pontoise ou Provins. Et s’il n’est pas interdit aux prévenus de mentir aux juges du tribunal, l’analyse de leurs téléphones portables est souvent très éloquente sur les liens entre ces automobili­stes et les passagers qu’ils transporta­ient.

Prison ferme

Hier soir, des sanctions sont encore tombées. Houssen Horreigue, qui assurait au tribunal se trouver sur la Côte d’Azur en vacances, a été condamné à huit mois de prison ferme. Son frère jumeau, passager, à huit mois avec sursis. Deux cousins, Issan et Lassad Mhamdi, eux, ont été incarcérés. Ils soutenaien­t être venus dans la région pour la visiter. Mais ils n’avaient aucun bagage. Le parquet réclamait deux ans de prison à leur encontre. Le tribunal les a condamnés à quinze mois ferme. Ils ont été immédiatem­ent incarcérés. Leur voiture et leur argent ont été confisqués. Un cinquième prévenu Mohamed Bakouri, un Tunisien de 37 ans domicilié à Gênes, magasinier chez Ikea, a été mis en examen lundi pour avoir « par aide directe ou indirecte, faciliter l’entrée ou la circulatio­n irrégulièr­e» de quatre compatriot­es sans titre de séjour. Lui, explique qu’il les a rencontrés par hasard en sortant de son travail. Les déclaratio­ns des migrants sont diamétrale­ment opposées : «Ces quatre personnes expliquent qu’elles ont été sollicitée­s par M. Bakouri pour les emmener à la frontière. Il a alors demandé 50 euros par personne à verser à l’arrivée en France », rappelle Laurie Duca, présidente du tribunal correction­nel de Nice. Le magasinier est parti pour un an en prison à l’issue de son procès. Son argent et sa voiture appartienn­ent désormais à l’État français.

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