Quand le renseignement français voulait recruter Merah...
L’ex-patron du renseignement intérieur toulousain a raconté, lundi, devant la cour d’assises de Paris où comparaît le frère du djihadiste Mohamed Merah que sa direction centrale imaginait recruter le tueur au scooter, un mois avant qu’il ne passe à l’action en mars . C’est après un voyage de Mohamed Merah au Pakistan, entre août et octobre , que la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) avait voulu voir le jeune Toulousain pour parler de son parcours afghan. Le jeune homme, fiché comme son frère Abdelkader par les services depuis , avait déjà fait l’objet d’une enquête après son arrestation le novembre à Kandahar par la police afghane. Dans une note issue de son entretien, il est décrit comme un « esprit ouvert, malin. Il n’entretient aucune relation avec un réseau terroriste, il a un profil voyageur. » Le document se conclut par une demande de vérification de la fiabilité de Merah .«C’est une approche de recrutement », a décrypté le témoin
ajoutant : « Mon refus a été net et catégorique et j’en ai fait part à ma hiérarchie. » Après deux assassinats de militaires et une tentative d’assassinat à Montauban le mars, l’ex-patron du renseignement toulousain, explique avoir alerté sa hiérarchie à plusieurs reprises de sa conviction qu’il s’agissait d’un acte jihadiste. Il donne les noms de douze suspects potentiels dont celui de Mohamed Merah mais il n’est pas écouté, la piste d’un acte commis par un groupe d’extrême droite étant alors privilégiée. Il faudra attendre les quatre assassinats de l’école juive le mars pour que la piste salafiste soit – enfin – prise au sérieux.