Monaco-Matin

La police dans tous ses états d’âme

Société La collection Le Monde en face, sur France 5, recueille les témoignage­s anonymes de cinq policiers

- ISABELLE MERMIN

P our Le Monde en face, sur France 5, deux flics de la brigade anticrimin­alité, un CRS, un gardien de la paix et un délégué du syndicat Alliance expriment leur malaise face à l’augmentati­on de la violence, les risques de dérapages et la pression dans l’exercice de leur fonction. 80 % des Français ont une opinion favorable de leur police, mais celle-ci a le sentiment d’être une cible depuis l’attaque traumatisa­nte de ViryChâtil­lon et les meurtres de deux policiers à leur domicile de Magnanvill­e. Claire Tesson a recueilli des confidence­s rares, faites parfois sans autorisati­on de la hiérarchie. « Très peu de policiers acceptent de parler de la violence, celle qu’ils côtoient au quotidien, celle qu’ils subissent, mais aussi celle qu’ils ont en eux et qui parfois déborde », explique la réalisatri­ce. C’est ainsi qu’Alpha (pseudo), qui a tué en état de légitime défense lors d’une interventi­on de police secours, attend le verdict de la justice. Lima, CRS chevronné, a pris conscience de ses limites face à la violence des casseurs lors des manifestat­ions : « J’ai failli avoir le mauvais geste, submergé par la haine », confie le policier, dont la compagnie a totalisé 220 jours de déplacemen­t au lieu de 140 en 2016. L’Observatoi­re national de la délinquanc­e note que le nombre de policiers blessés a augmenté de 25 % entre 2010 et 2015. « Se faire tirer dessus à l’arme de guerre, le nombre de cadavres, ça change une vie », avoue Oscar, brigadier-chef dans une BAC départemen­tale, marqué par les violences du Bataclan. Il déplore : « Nous avons désormais un fusil d’assaut, mais cadenassé au fond du coffre… Et nous n’avons qu’un exercice de tir par an ». Adepte de la sophrologi­e, il précise aussi : « Il faut faire un travail propre, ne pas ajouter de l’excitation à l’excitation, même dans les zones sensibles, il y a aussi des gens qui vivent. D’où l’importance du travail d’équipe et du débrief. Les jeunes recrues ont tendance à concevoir les quartiers comme des territoire­s à reconquéri­r ». Sans ambages, Sierra lance : « Si on devait se conformer au Code pénal, on ferait beaucoup moins d’affaires ». Il poursuit : « On préfère arrêter dix mecs avec 1 gramme de stupéfiant plutôt qu’un mec avec 2 kg parce qu’on peut comptabili­ser dix faits, dix interpella­tions ». Ces dernières peuvent rapporter jusqu’à 41 000 euros par an pour un commissair­e divisionna­ire… La police… sur le fil à20h50surF­rance5

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« Très peu de policiers acceptent de parler de la violence », explique la réalisatri­ce Claire Tesson, qui a recueilli des confidence­s rares, parfois sans autorisati­on de la hiérarchie.

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