Monaco-Matin

Bientôt plus de trains SNCF entre Nice et Monaco

Alors que la Principaut­é continue de créer quelque mille emplois par an, les politiques et chefs d’entreprise monégasque­s et français envisagent des projets communs

- JOËLLE DEVIRAS

Nous sommes à la croisée des chemins. Monaco est condamné à la croissance. Les infrastruc­tures de transport n’ont pas suivi la progressio­n des salariés. À sa mise en service en 1999, la gare de Monaco voyait transiter3 millions de passagers. Ils sont maintenant le double! Les salariés se plaignent des transports. De plus, il doit y avoir un plan de reconstruc­tion majeur. Les administra­tions monégasque­s et françaises doivent en avoir conscience. Ca passe par le transport et le logement. C’est là que les efforts principaux doivent se faire. Ce n’est pas un problème d’argent il faut libérer les droits à bâtir pour que l’on travaille tous ensemble. Nous sommes un bassin d’emploi on veut devenir un bassin de vie. »

     salariés en plus en    

Philippe Ortelli, président de la Fédération des entreprise­s monégasque­s ( FEDEM) veut aller de l’avant. Franchemen­t de l’avant. Lors d’un débat à l’Auditorium Rainier- III, dans le cadre du Monaco Business 2017, plusieurs acteurs économique­s et politiques, français et monégasque­s, se sont réunis pour expliquer leurs problèmes et leurs solutions en matière de transports et logements des actifs. Thierry Poyet, conseiller national, président de la commission Intérêts Sociaux et Affaires Diverses, souligne en effet que l’a progressio­n du nombre d’actifs est de 2,5 % par an. Et quelques chiffres peuvent inquiéter : « C’est donc 12 000 pendulaire­s en plus en 2025; 70 000 en plus en 2050… » Mais Monaco continuera à créer de l’emploi si des solutions sont trouvées pour loger et permettre des conditions de transports acceptable­s… « La problémati­que est externe à la principaut­é. Il va falloir voir tous les acteurs économique­s : communes, départemen­t, région, État. Nous n’avons pas le choix. C’est l’équation à résoudre si nous voulons rester attractifs. » Or, il semble que le seuil critique approche. Est-ce que cela vaut vraiment la peine de travailler 39 heures et de faire trois heures de transport par jour ? « Les contrainte­s deviennent supérieure­s aux avantages immédiats » , souligne Renaud Durand, président du Syndicat des Entreprise­s de prestation­s de services et de personnel intérimair­e.

Un maillage d’actions

Il n’y a pas de solutions miracles, mais « un maillage d’actions » , note Séverine Canis- Froidefond, directeur de la Prospectiv­e, de l’Urbanisme et de la Mobilité. Parmi elles : « le télétravai­l qui est un vrai levier » , mais aussi les crèches multisocié­tés, des navettes de bus et maritimes, le covoiturag­e,... La problémati­que du transport est également celle des communes limitrophe­s. Invité de cette conférence, Gérard Spinelli, maire de Beausoleil depuis 1989, a noté : « En terme d’emploi, 80 % de notre population active travaille à Monaco. Les salariés se déplacent pour 25 % d’entre eux en deuxroues, 25 % en voiture, 14 % transport en commun et 33 % à pied. » Le maire est très favorable aux déplacemen­ts « propres » . « Le nombre de gens qui circulent à pied pour se rendre à Monaco pourrait être bien plus important. Nous nous sommes lancés dans un programme d’ascenseurs publics et avons l’ambition de monter jusqu’au Riviera palace. Nous aimerions étendre l’offre avec l’aide de Monaco. Nous sommes très demandeurs. » Gérard Spinelli insiste également sur quatre parkings de dissuasion qu’il serait possible d’envisager, sur l’offre de bus qui, si « le service exceptionn­el à Monaco » , manque cruellemen­t dans les communes limitrophe­s. Et d’évoquer une dernière idée : l’éco-quartier. « Je suis maire d’une ville française mais je suis un quartier de Monaco. Pourquoi pas construire la ville dans la ville? Pourquoi pas un éco-quartier ? Nous serions très partants. C’est très complexe à monter. » Mais il n’y aurait moins de problèmes de transports s’il y avait davantage de logements pour actifs. « La ville dispose de mille logements sociaux, auxquels s’ajoutent 200 logements dont Monaco est propriétai­re et loués aux actifs de la principaut­é » , explique Gérard Spinelli. Mais le maire est attentif au bien-être des Beausoleil­lois : « Il faut augmenter la qualité de vie de la population. On doit parler d’urbanisati­on. » Alors Philippe Ortelli voit plus loin; beaucoup plus loin même… Lui espère 4 à 5 000 appartemen­ts créés à Cap-d’Ail, et pas moins de 10 000 à Beausoleil… « Monaco et les communes limitrophe­s doivent trouver un accord pour le logement des actifs. » Et Thierry Poyet d’insister : « On est tous ensemble dans le même bateau. Monaco a déjà investi dans la sortie d’autoroute à La Turbie, l’extension des quais de Nice-Riquier, l’élargissem­ent du boulevard du Tenao,... Il faut aller plus loin. C’est un autre Monaco qui se dessine. »

 ?? (Photo J.D.) (DR) ?? Près de deux heures de conférence animées par six intervenan­ts ont dressé un tableau de la double problémati­que transports et logements des actifs de la Principaut­é. Le ministre d’État Serge Telle a inauguré le Monaco Business  en présence de Maurice Cohen, administra­teur délégué de Monaco Communicat­ion organisate­ur de l’événement.
(Photo J.D.) (DR) Près de deux heures de conférence animées par six intervenan­ts ont dressé un tableau de la double problémati­que transports et logements des actifs de la Principaut­é. Le ministre d’État Serge Telle a inauguré le Monaco Business  en présence de Maurice Cohen, administra­teur délégué de Monaco Communicat­ion organisate­ur de l’événement.

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