Chantiertroublé
Absence de documents liés aux travaux et craintepour la sécurité des riverains... dansuncourrier au préfet, l’association environnementale Région Verte alerte sur le chantier de l’hôtel Vista Palace en cours à Roquebrune.
Le chantier du Vista Palace constitue-t-il une menace pour les espèces protégées ainsi que les habitants qui résident en dessous de la falaise ? Pour l’association environnementale Région Verte, le danger n’est pas écarté. « Nous avons décidé de ne plus rester passifs face à ce que nous considérons comme une démission des services de l’État», peut-on liredans un courrieradressé lemois dernier à lapréfecturedes Alpes-Maritimes. Débutésl’andernier, lestravauxtitanesquesde rénovation impliquent une métamorphose complètedel’établissement5étoilesdeRoquebruneàl’horizon2020. Mais, juchéàplusde300 mètres d’altitude, le Vista Palace doit faireface àdemultiples secousses. La première date de janvier dernier. Le chantier était en partie à l’arrêt en raison d’un désaccordpersistant entrela SEDH Vista Palace– propriétairedel’hôtel– etuneriveraine qui réside en contrebas, Annie Durante. Cette dernièrerefusaitdequitter sa villa– dans le cadre duchantierdesécurisationdelafalaise– sans avoir obtenu « tous les documents » liés aux travaux qui devaient être entrepris chez elle. « Il y a trop de zones d’ombre dans la procédure » , expliquait la riveraineàl’époque. Depuis, la situationnesemble pasavoir été réglée. Et s’est mêmeenvenimée( lire par ailleurs). Lemoisdernier, nouveausoubresaut sur le piton rocheux.
Des documents manquants ?
Dans le courrier adressé au préfet, Région Verte note que la procédure de travaux n’aurait pas été suivie dans les règles. « Le dossier de permis de construire semble n’avoir jamais été ouvert ». Eneffet, certainsdocumentsn’auraient tout simplement pas été signés. La mairie de Roquebrune-Cap-Martin se défend et précise qu’elle n’a jamais eu connaissance «d’éléments manquants» au permis de construire. Le Vista Palace rétorque que le permis en question « n’a pas fait l’objet de recours contentieux devant le tribunal administratif de Nice.» Dans sa missive, Région Verte relève ensuite que le chantier porterait « des atteintes dans la zone spéciale de conservation Natura 2000 qui abrite des espèces protégées.» De son côté, le Vista Palace rappelle que cette question a fait l’objet d’un débat judiciaire initié par Région Verte, laquelle «a été déboutédesademande et a fait appel de l’ordonnance du juge des référés de Nice.» Maiscen’estpas tout. L’associationenvironne- mentale soulève qu’un document important commel’Installation classéepourl’environnement(ICPE) ferait défautdansla procédurede travaux, toutcommeles attestations liées aux règles parasismiques. Làencore, l’hôtel5étoiles dément formellement: « Une déclaration ICPE aété produite et déclarée par voie électronique. Unbureaudecontrôleaétémissionné dès la phase esquisses jusqu’à la livraison pour assurer le respect de la réglementation parasismique.» Entre Région Verte et le Vista Palace, le dialogue semble totalement rompu. Le premierévoquedes « silences incompréhensibles» et le second souligne que l’association « a choisi» dese placerdansundébat «strictement judiciaire.»
La préfecture ne souhaite pas faire de commentaire
Danslecourrierdela discorde, l’association Région Verte va encoreplusloin. Craignantpour la sécurité des habitants, elle annonce qu’une dénonciationjudiciaireaété remise « en mains propres » au procureur de la République, Jean-Michel Prêtre. L’adife ( 1)– association dont fait partie la riveraine Annie Durante– apris part au courrier de dénonciation. En aparté, Ré- gion Verte et L’Adife précisent ne pas vouloir «s’opposer » au projet du Vista Palacemaissouhaitent que «la loi soit respectée.» Contactée, la préfecturedes Alpes-Maritimes n’a pas souhaité commenter cette affaire. Deson côté, le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre confirme avoir pris connaissancedela dénonciationenvoyée par Région Verteetlesriverainsdel’Adife. Il précise vouloir vérifier la réalitédesenjeuxévoquéset êtredans l’attente d’un retourdel’avis technique de la Direction régionale de l’environnement et aménagement du territoire (Dreal). Cette dernière précisait, hier, que le chantier était toujours en cours d’instruction. « Nous cherchons encoreàsavoir s’ilyaun danger envers les habitants qui résident en contrebas du chantieret s’il était connu et sciemmentnégligé», résume Jean-Michel Prêtre. Si certainsfaitsdénoncéssont avérés, cedernierpeutdéciderde poursuites pénales. Il peut également classer les faits sans suite.
L’Association de défense desintérêtsdes habitantsdeq uartier Fighiera, Bon-voyage, et Dondea de Roquebrune-Cap-Martin (Adife).