Les Restos du coeur manquent de bras
Les 650 bénévoles peinent à répondre à la demande dans les 16 centres des Alpes-Maritimes. L’appel aux bonnes volontés est lancé, alors que s’ouvre aujourd’hui la 33e campagne d’hiver
N’hésitez pasàpasser la porte, à prendre un café: on est là. » Toujours là, les Restos du coeur. Fidèles au rendez-vous de la solidarité, étécommehiver. Et leur responsable départemental, Joël Meynent, était là lui aussi, hier, pour le rappeler à ses visiteurs. La 33e campagne d’hiver des Restos débute officiellement aujourd’hui, pourseizesemaines. Mais dèshier, les bénévoles ont mis la main à la pâte dans certains centres des Alpes-Maritimes. Ils sont 655, sur le pied de guerre contre laprécarité. Indispensable maillon humanitaire d’une société en souffrance. « On se met en route pour la prochainecampagne. Çareprend doucement, doucement » , explique Joël Meynent aux élus en visite à Nice-Dabray, ledeuxièmeplus gros centre azuréen. Le député Eric Ciotti, président de la commission des finances du Département, et Joëlle Martinaux, adjointe au maire de Nice, déléguée aux affaires sociales et à lasolidarité, disent « leur reconnaissance, leur gratitude aux bénévoles » . Fondés en 1985, les Restos ont toujours du coeur, mais plus que jamais besoin de bras.
Qui les finance?
Les Restos du coeur fonctionnent grâce aux recettes des concerts des Enfoirés, aux donations et au fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD). Ils bénéficient en outre de la loi Garot dite « antigaspillage », qui enjoint les grandes surfacesàreverser leurs invendus aux associations type Restosducoeur. Enoutre, ces derniers reçoivent 50 000 euros de subventions du conseil départe- mental des A.-M., qui y a ajouté 5 000 cette année pour un camion frigorifique.
Combien de repas?
Au cours de la campagne hiver-été 2016-2017, les Restos du coeur ont distribué 1,177 million de repas à 18 000 bénéficiaires dans les Alpes-Maritimes. Sans compter les 4 175 repas dispensés à 627 bébés. Et 16 300 repas distribués dans la rue par les « camionsducoeur ». Auplan national, les Restos ont distribué la saison dernière 135,8 millions de repas. « Ons’attendàune augmentation de 5 à 10% chaque année » , explique Joël Meynent. Ànoter que le nombrederepas servis l’étéabondi de40% en 2017. Le barèmeretenu pour pouvoir en bénéficieraeneffet été élargi « afin de mieux coller à la réalité du terrain » .
Qui en bénéficie?
« Il y a une évolution dans la typologie. Nous l’avons constaté cet été, où nous avons reçu beaucoup d’étudiants, témoigne Lucie Bach, animatrice ducentre Nice-Dabray. Nous voyons aussi de plus en plus de femmes seules, de petits retraités… Ce sont eux qui ont le plus de mal à pousser la porte. Car il faut la pousser, laporte! Ils ont un sentiment d’injustice, d’humiliation. C’est pourquoi nous devons bien les accueillir, pour leur redonner confiance. »
Le menu complet?
Leurs responsables insistent: non, malgré leur nom, les Restos n’offrent pas qu’à manger. Loin de là. « Aujourd’hui, l’aide alimentaire représente 30% de notre activité » , re- lativise Joël Meynent. Également au menu: aide à la recherche d’emploi, accompagnement scolaire, apprentissage du français, accès au droit, ateliers coiffure, ateliers bibliothèque, départs en vacances outickets de cinéma. L’idée: amener les bénéficiaires vers plusd’autonomie. « Les aideràmanger, c’est bien; les aider à s’en sortir, c’est mieux! » , résume Joël Meynent.
Quelle capacité?
Dans les Alpes-Maritimes, les Restos peuvent compter sur seize centres, répartis entre Nice (cinq centres), Cannes, Antibes, Cagnes-sur-mer, Saint-Laurent-du-Var, Vence, Le Can-- net, Mandelieu, Grasse, Pégomas et un centre itinérant pour les vallées. Mais le centre Nice-Paul Montel, victime d’un incendie, n’a pas encorerouvertencedébut decampagne. Et de manière générale, les capacités d’accueil arrivent « à saturation » , notamment à Nice « où est servie la moitié des repas » . Leprincipal centre, Nice-Vérany, accueille chaque semaine un millier de familles, soit 4000 personnes.
Qui peut aider?
Tout le monde, insiste Joël Meynent. « Il n’yapas de compétences à avoir, juste du bon vouloir. Ce ne sont pas des tâches difficiles. Il faut juste avoir de l’empathie et garder le sourire. » Avoir un peu de temps, aussi. Et c’est bien là le problème, constate le responsable départemental des Restos: les retraités, qui représentent le gros des troupes, sont de moins en moins disponibles. Joël Meynent lance donc un appel aux bénévoles, « sans qui l’on ne peut rien faire ». Ils ont d’autant plus de mérite, rappelle Joëlle Martinaux, « que leur niveau de vie, souvent, n’est pas beaucoup plus élevé que pour ceux qu’ils aident… Pourtant, quand ils passent la porte, c’est le sourire jusqu’aux oreilles. »