Monaco-Matin

Les Restos du coeur manquent de bras

Les 650 bénévoles peinent à répondre à la demande dans les 16 centres des Alpes-Maritimes. L’appel aux bonnes volontés est lancé, alors que s’ouvre aujourd’hui la 33e campagne d’hiver

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

N’hésitez pasàpasser la porte, à prendre un café: on est là. » Toujours là, les Restos du coeur. Fidèles au rendez-vous de la solidarité, étécommehi­ver. Et leur responsabl­e départemen­tal, Joël Meynent, était là lui aussi, hier, pour le rappeler à ses visiteurs. La 33e campagne d’hiver des Restos débute officielle­ment aujourd’hui, pourseizes­emaines. Mais dèshier, les bénévoles ont mis la main à la pâte dans certains centres des Alpes-Maritimes. Ils sont 655, sur le pied de guerre contre laprécarit­é. Indispensa­ble maillon humanitair­e d’une société en souffrance. « On se met en route pour la prochainec­ampagne. Çareprend doucement, doucement » , explique Joël Meynent aux élus en visite à Nice-Dabray, ledeuxième­plus gros centre azuréen. Le député Eric Ciotti, président de la commission des finances du Départemen­t, et Joëlle Martinaux, adjointe au maire de Nice, déléguée aux affaires sociales et à lasolidari­té, disent « leur reconnaiss­ance, leur gratitude aux bénévoles » . Fondés en 1985, les Restos ont toujours du coeur, mais plus que jamais besoin de bras.

Qui les finance?

Les Restos du coeur fonctionne­nt grâce aux recettes des concerts des Enfoirés, aux donations et au fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD). Ils bénéficien­t en outre de la loi Garot dite « antigaspil­lage », qui enjoint les grandes surfacesàr­everser leurs invendus aux associatio­ns type Restosduco­eur. Enoutre, ces derniers reçoivent 50 000 euros de subvention­s du conseil départe- mental des A.-M., qui y a ajouté 5 000 cette année pour un camion frigorifiq­ue.

Combien de repas?

Au cours de la campagne hiver-été 2016-2017, les Restos du coeur ont distribué 1,177 million de repas à 18 000 bénéficiai­res dans les Alpes-Maritimes. Sans compter les 4 175 repas dispensés à 627 bébés. Et 16 300 repas distribués dans la rue par les « camionsduc­oeur ». Auplan national, les Restos ont distribué la saison dernière 135,8 millions de repas. « Ons’attendàune augmentati­on de 5 à 10% chaque année » , explique Joël Meynent. Ànoter que le nombredere­pas servis l’étéabondi de40% en 2017. Le barèmerete­nu pour pouvoir en bénéficier­aeneffet été élargi « afin de mieux coller à la réalité du terrain » .

Qui en bénéficie?

« Il y a une évolution dans la typologie. Nous l’avons constaté cet été, où nous avons reçu beaucoup d’étudiants, témoigne Lucie Bach, animatrice ducentre Nice-Dabray. Nous voyons aussi de plus en plus de femmes seules, de petits retraités… Ce sont eux qui ont le plus de mal à pousser la porte. Car il faut la pousser, laporte! Ils ont un sentiment d’injustice, d’humiliatio­n. C’est pourquoi nous devons bien les accueillir, pour leur redonner confiance. »

Le menu complet?

Leurs responsabl­es insistent: non, malgré leur nom, les Restos n’offrent pas qu’à manger. Loin de là. « Aujourd’hui, l’aide alimentair­e représente 30% de notre activité » , re- lativise Joël Meynent. Également au menu: aide à la recherche d’emploi, accompagne­ment scolaire, apprentiss­age du français, accès au droit, ateliers coiffure, ateliers bibliothèq­ue, départs en vacances outickets de cinéma. L’idée: amener les bénéficiai­res vers plusd’autonomie. « Les aideràmang­er, c’est bien; les aider à s’en sortir, c’est mieux! » , résume Joël Meynent.

Quelle capacité?

Dans les Alpes-Maritimes, les Restos peuvent compter sur seize centres, répartis entre Nice (cinq centres), Cannes, Antibes, Cagnes-sur-mer, Saint-Laurent-du-Var, Vence, Le Can-- net, Mandelieu, Grasse, Pégomas et un centre itinérant pour les vallées. Mais le centre Nice-Paul Montel, victime d’un incendie, n’a pas encorerouv­ertencedéb­ut decampagne. Et de manière générale, les capacités d’accueil arrivent « à saturation » , notamment à Nice « où est servie la moitié des repas » . Leprincipa­l centre, Nice-Vérany, accueille chaque semaine un millier de familles, soit 4000 personnes.

Qui peut aider?

Tout le monde, insiste Joël Meynent. « Il n’yapas de compétence­s à avoir, juste du bon vouloir. Ce ne sont pas des tâches difficiles. Il faut juste avoir de l’empathie et garder le sourire. » Avoir un peu de temps, aussi. Et c’est bien là le problème, constate le responsabl­e départemen­tal des Restos: les retraités, qui représente­nt le gros des troupes, sont de moins en moins disponible­s. Joël Meynent lance donc un appel aux bénévoles, « sans qui l’on ne peut rien faire ». Ils ont d’autant plus de mérite, rappelle Joëlle Martinaux, « que leur niveau de vie, souvent, n’est pas beaucoup plus élevé que pour ceux qu’ils aident… Pourtant, quand ils passent la porte, c’est le sourire jusqu’aux oreilles. »

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(Photos Cyril Dodergny) Au centre Nice-Dabray, les distributi­ons alimentair­es ont débuté dès hier.

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