Grandiose spectacle lyrique pour la fêtenationale
Roberto Alagna a été la vedette de l’extraordinaire représentation d’Adrienne Lecouvreur
Adrienne Lecouvreur est une artiste de la Comédie Française qui a réellement existé au XVIIIe. siècle et fut empoisonnée par une princesse nommée Bouillon (Il y a plus poétique comme nom!) dont elle était la rivale dans son amour pour un beau jeune comte. Au début du XXe siècle, cette histoire est devenue le sujet d’un opéra du compositeur italien Francesco Cilea – compositeur qui n’est connu que pour cette oeuvre-ci. C’est cet ouvrage qui a été somptueusement représenté dimanche soir pour la Fête nationale, en présence de la famille princière, au Grimaldi Forum, et qui sera redonné à partir de jeudi. Utilisant un plateau tournant au milieu de l’immense scène, multipliant à l’envi le nombre de personnes, de figurants et de costumes, faisant tomber des cintres des rideaux et des colonnades, le metteur en scène italien, Da-
vide Livermore, a donné dans le grand spectacle. Il a transposé l’action à l’époque de Sarah Bernhardt – ce qui se justifie triplement : d’abord lamusique, fluide et voluptueuse, correspond mieux à la Belle Époque de Sarah Bernhardt qu’au XVIIIe. siècle d’Adrienne Lecouvreur, d’autre part Sarah Bernhardt incarna ellemême dans un film célèbre le personnage d’Adrienne Lecouvreur, enfin Sarah Bernhart fut une personnalité importante de la vie de la Principauté qui inaugura en 1879 la salle de l’Opéra de MonteCarlo.
De qualité internationale
Cela étant, l’évocation de la Première Guerre mondiale, dans cette mise en scène, nous a paru trop insistante – même si la célébration de son centenaire est d’actualité. Les chanteurs, à présent. Tous sont de qualité internationale. On
ne sait pas faire autrement à l’Opéra de Monte-Carlo ! En tête, bien sûr, la « vedette » du spectacle, Roberto Alagna, à la voix toujours jeune et vaillante. Barbara Frittoli, qui incarne Adrienne Lecouvreur sous la coiffure et les habits de Sarah Bernhardt, a un chant musicalement parfait même si sa voix est peu volumineuse. Elle est entourée de deux magnifiques voix graves, la mezzo Marianne Cornetti (rôle de la princesse Bouillon), et celle d’Alberto Mastromarino ( rôle du régisseur de la Comédie française, amoureux et protecteur d’Adrienne). Au passage un petit ballet aussi antique que coloré est des mieux venus. Quant aux choeurs et à l’orchestre, en ce jour de Fête monégasque, ils étaient vraiment à la fête, dirigés par le très bon Maurizio Benini. Bref, cette « Lecouvreur » est à couvrir d’éloges !