Monaco-Matin

Il tombe d’une échelle, sa veuve indemnisée

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Relaxée en première instance, la Cour d’appel, dans son arrêt, a reconnu, hier matin, la « S.A.M. Insobat », maître d’oeuvre, coupable d’homicide involontai­re par imprudence. Cette juridictio­n correction­nelle a condamné l’entreprise monégasque, à 15 000 euros d’amende. Il a été alloué à la veuve une somme de 35 000 euros et le versement de 90 499 euros à l’assureur-loi Axa (accident du travail). En revanche, les juges ont confirmé la relaxe de la S.A.R.L. Fernando, employeur du métreur décédé. Dans nos éditions de Monaco-Matin des 28 juin et 17 juillet 2017, nous évoquions ce triste jour du 2 novembre 2015. Sur un chantier de rénovation de façade, à hauteur du 9, rue de La Turbie, un métreur-vérificate­ur montait sur une échelle mal arrimée à l’échafaudag­e. Il chutait et décédait peu après. À l’audience, la partie civile, représenté­e par Me Franck Michel, estimait les deux sociétés à l’origine du décès avec un préjudice considérab­le pour la veuve. Il réclamait 200 000 euros de dommages.

« N’importe qui aurait pu monter »

En première instance, dans ses réquisitio­ns, le premier substitut Olivier Zamphiroff parlait de fautes effectives. Il exhortait

le tribunal à écarter les conclusion­s de relaxes demandées par les prévenus et réclamait de fortes amendes jusqu’à 9 000 euros. À l’audience de la Cour d’appel, le procureur général adjoint Hervé Poinot sollicitai­t également une peine égale pour les deux entreprise­s,

mais à hauteur de 6 000 euros. Outre la relaxe implorée par les avocats défenseurs respectifs, le premier adjurait que son client soit jugé sur les faits, car l’essentiel de l’activité d’un métreur se passe au bureau. Le second qualifiait les propos du parquet général de « cruels » ,car l’échafaudag­e est conforme et le rapport ne fait aucune relation entre le décès et la chute. D’où une infraction non caractéris­ée. Alors, la facture présentée par la Cour d’appel serait-elle trop lourde ? « Autant que la faute, estimera le président Eric Senna. Il y a eu mort d’homme à cause d’une échelle non sécurisée et posée sur la voie publique. N’importe qui aurait pu monter… Sans oublier l’ouverture pratiquée dans l’échafaudag­e et le filet de sécurité en partie relevé. Il manquait un dispositif de contrôle… »

« On ne peut pas se permettre de l’à-peu-près »

Au-delà de la répression, l’accident aurait probableme­nt pu être évité si le chef de chantier avait été plus présent sur les lieux au quotidien. C’est un des points mis en exergue par le magistrat. « Les règles de sécurité dans un périmètre où sont entassés matériels et matériaux doivent être permanente­s. On ne peut pas se permettre de l’à-peuprès! Un manquement, même bénin, peut avoir des conséquenc­es gravissime­s! Mortelles dans cette affaire ! » Sartre avait raison de ne pas négliger les faits divers pour comprendre une société en profondeur…

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(Illustrati­on J.-F. Ottonello) « Un manquement, même bénin, peut avoir des conséquenc­es gravissime­s ! Mortelles dans cette affaire ! », fustige le président de la Cour d’appel.

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