Monaco-Matin

Une paire de copains pour viser le podium

Recruté l’an dernier par le constructe­ur monégasque de véhicules électrique­s Venturi, Maro Engel est rejoint cette année par Edoardo Mortara. Une amitié de 20 ans qui se poursuit à Monaco

- LUDOVIC MERCIER lmercier@nicematin.fr

Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils sont brillants: Venturi mise sur ces deux talents du sport automobile pour gagner des points et « pourquoi pas, « goûter à nouveau aux podiums». Eux, ce sont Maro Engel et Edoardo Mortara. Maro court déjà sous les couleurs du constructe­ur monégasque depuis un an. Ce Suisse-allemand de 32 ans, marié et résident monégasque, vit ça un peu comme un rêve: «J’ai grandi à Monaco et courir pour le seul constructe­ur monégasque c’est un grand honneur. Je les connais depuis que je suis petit. Je passais devant le Gildo Pastor Center et j’admirais les belles voitures, le magnifique camion, les ateliers qui sont en bas. Et j’ai connu Gildo quand j’avais cinq ans. Défendre les couleurs de Venturi, c’est une fierté. C’était presque inespéré. Ici c’est mon foyer ! » Ce dernier mot sort d’abord en allemand. Une vraie surprise tant son français parfait fait oublier ses racines germanique­s.

Champion du monde

Engel est rejoint cette année par un petit camarade qu’il connaît bien, puisqu’il court avec lui chez Mercedes en DTM: Edoardo Mortara. Quand on leur demande depuis quand ils se connaissen­t, chacun regarde l’autre, l’attendant au tournant, un peu comme un vieux couple : «Moi je sais depuis quand, mais j’attends qu’il le dise». C’est Maro Engel qui se lance : « La première fois que j’ai croisé Edoardo c’était en Maro Engel et Edoardo Mortara, c’est une histoire de gosses, qui commence sur les pistes de karting, et qui se poursuit sur des monoplaces électrique­s.

Italie lors de la Winter Cup à Lonato. C’est un grand événement du karting. On devait avoir 13 ans.» Edoardo rebondit: « C’est normal, le karting c’est l’école des pilotes. » Edoardo Mortara, devenu champion du monde GT à Macao, a le sens du jeu. Dans le sport, bien sûr, mais dans la vie aussi. Le genre de gars qui fait gober au journalist­e trop naïf qu’il est « passionné de chameaux» et qu’il s’est «acheté une écurie» . Ce qui serait anecdotiqu­e à Genève, où il vit une partie de l’année, mais qui relève du domaine

du possible à Dubaï où il fuit les frimas alpins. C’est qu’il est taquin, Edoardo. Sa présentati­on en est la preuve : «Pour faire simple, je suis né en Suisse, j’ai vécu à Genève presque toute ma vie. Mon père est italien, ma mère est française. Mais j’ai renoncé à la nationalit­é française pour prendre la nationalit­é suisse. Je me suis marié avec une Espagnole anglaise d’origine chilienne, qui est née au Honduras. On vit de façon plus ou moins officielle entre Dubaï et Genève. Nous avons une fille qui est, en ce

moment, espagnole et suisse. Mais elle pourrait être italienne, française, anglaise, chilienne, ou hondurienn­e. Ce que je suis? Un citoyen du monde.» S’il ne vit pas à Monaco, il reconnaît volontiers que le cadre de vie y est idéal. «C’est un peu un mélange de la Suisse et de Dubaï: il y a des montagnes autour, et la mer et le beau temps. »

Têtes bien pleines

Les deux jeunes hommes sont diplômés en Business and administra­tion, selon la

terminolog­ie anglo-saxonne. Mortara a également un master de finance. Mens sana in corpore sano, comme dirait l’autre. Alors forcément, ils devancent les questions : « Tout le monde me demande si ce n’est pas bizarre de conduire sans le bruit de moteur. Mais en fait on s’habitue très vite. J’apprécie un beau bruit de moteur, mais là le challenge est tout autre. Le couple est instantané, la répartitio­n des masses est différente », explique Maro Engel. Mais quand on est un ignare du sport automobile, il faut pousser encore un peu pour en savoir plus sur leur ressenti. Le vrai. Ce qui fait que c’est spécial, de courir en Formule E. «Quand vous roulez sur les lignes droites, vous entendez le bruit du vent puisque vous n’entendez plus le bruit du moteur », confie Edoardo Mortara. Son camarade poursuit; « Vous entendez des bruits dans la voiture qui passent inaperçus d’habitude, comme le bruit du changement de rapport de vitesse. Ça tape. »

Catégorie dynamique

Pour eux deux, courir en Formule E c’est «très excitant». Cette nouvelle catégorie, qui ne compte qu’une poignée d’années au compteur, est sans doute la plus dynamique de la catégorie, selon Maro Engel: tous les constructe­urs s’y intéressen­t. Pour Edoardo, c’est the place to be: «Les véhicules électrique­s, ça va être une première pour moi. Mais c’est vraiment le truc à faire en ce moment. C’est en train de prendre une belle ampleur, et faire partie de cette aventure, en tant que pilote c’est sympa. » Et puis, cette discipline présente un réel avantage pour le Suisse allemand résident monégasque : «Un des vrais plaisirs de la Formule E, c’est de courir sur les circuits urbains. J’adore courir en ville, comme à Monaco. Malheureus­ement ici ce n’est que tous les deux ans. Ce serait bien d’en faire un meeting annuel.»

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(Photos Michael Alesi) Pour Edoardo Mortara, la Formule E, c’est «là qu’il faut être en ce moment».
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Maro Engel, résident monégasque, rêve de courir plus souvent en Principaut­é.

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