Monaco-Matin

Licencié du McDo pour un sandwich à deux euros

Ce travailleu­r handicapé a été salarié durant presque dix ans au restaurant Mc Donald’s de Nice-TNL. Il vient de recevoir sa lettre de licencieme­nt pour une faute grave qu’il conteste

- ERIC GALLIANO egalliano@nicematin.fr

Moustapha Debza, a 42 ans. Il est travailleu­r handicapé. Du moins il l’était, jusqu’à ce que son employeur décide de le licencier. Lui qui, « durant près de dix ans », a travaillé au Mc Donald’s de Nice-TNL, sans qu’on n’ait «jamais rien eu à [lui] reprocher », explique avoir été « viré pour un sandwich à 2 euros ». La direction locale de ce restaurant franchisé depuis près d’un an confirme « le licencieme­nt de cet employé » sans toutefois souhaiter en « commenter la justificat­ion » La notificati­on de la décision de son employeur que Moustapha a reçue ce mercredi par lettre recommandé­e – et que nous avons pu consulter – est toutefois explicite. L’employé de Mc Do n’aurait pas « respecté les procédures repas en vigueur » .Il aurait en outre « menti à son supérieur » pour tenter de dissimuler « un vol de produits ». En l’occurrence un egg-cheese et un gobelet d’Ice Tea. Ce que conteste catégoriqu­ement Moustapha.

« Perturbé ce jour-là »

Les faits remontent au 9 novembre dernier. Ce jour-là, Moustapha s’apprête à prendre son service. « Il était aux alentours de 10 h 10. Je m’étais déjà mis en tenue. » L’employé ne doit prendre ses fonctions que 20 minutes plus tard. Il décide donc d’en profiter pour combler un petit creux. « C’est vrai que je n’ai pas respecté la procédure, reconnaît-il. Théoriquem­ent, j’aurais dû passer de l’autre côté du comptoir pour passer ma commande. Mais, j’étais perturbé ce jour-là. Ma mère avait été hospitalis­ée le matin même », se justifie ce travailleu­r handicapé. Toujours est-il qu’il aurait demandé à sa collègue de lui encaisser un egg-cheese. Prix public 2,30 « Mais on a droit à une réduction de 30 % en tant qu’employé », explique Moustapha qui concède s’être servi directemen­t mais assure avoir « posé une pièce de 2 euros à côté de la caisse ». « Comme la salle de repos était occupée, je suis allé dans les vestiaires pour manger mon sandwich », poursuit Moustapha. C’est alors que le directeur du restaurant aurait fait irruption : «Ilm’adit: “c’est quoi ça” ? » Le manager pointe du doigt un gobelet posé à même le sol sous la chaise où est assis son employé. «Je ne l’avais même pas vu », assure ce dernier. « Je lui ai dit que ce n’était pas à moi. Il m’a répondu “et le sandwich ?” Je lui ai dit de bonne foi que je venais de l’acheter, qu’on pouvait vérifier » , assure Moustapha.

Une transactio­n jamais enregistré­e

Le problème c’est que la transactio­n n’a jamais été enregistré­e. «Ma collègue m’a dit qu’elle n’avait tout simplement pas entendu ce que je lui avais dit », rapporte Moustapha. Quant à la pièce de 2 euros, elle aurait « glissé sous la caisse ». « Ils l’ont retrouvée après, assure l’ex-employé de Mc Do, mais c’était trop tard. » Il avait été mis à pied sur le champ par son directeur. Son licencieme­nt pour faute grave vient donc d’être confirmé. Moustapha Debza entend bien le contester devant les prud’hommes. Il en fait une question de principe : « Après presque dix ans de travail dans ce restaurant, je ne peux pas accepter de me laisser traiter ainsi de voleur pour un sandwich à 2 euros ! »

« Un prétexte »

« Franchemen­t ça fait mal » , répète l’ex-employé qui a « l’impression de se retrouver dans la peau de ce gars qui avait été viré de chez Leclerc pour avoir mangé une banane. » C’était l’année dernière en Dordogne. Lui aussi, on l’avait accusé de « vol ». L’enseigne en avait d’ailleurs fait «une question de principe ». Mais du point de vue de Moustapha, cela ressemble plus « à un prétexte ». Il n’hésite pas à faire le lien avec les récents changement­s de mode de gestion de l’établissem­ent : « Depuis qu’ils sont franchisés, ils essayent de se débarrasse­r des anciens comme moi parce qu’ils trouvent qu’on a trop d’avantages par rapport aux nouveaux contrats. » Il semblerait en tout cas que d’autres contentieu­x soient en attente d’examen devant le tribunal des prud’hommes.

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(Photo Franck Fernandes) Moustapha Debza, un travailleu­r handicapé de  ans, salarié durant près de dix ans au McDo de Nice-TNL vient de recevoir sa lettre de licencieme­nt pour une faute grave qu’il conteste.

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