« Aider le retour à l’emploi des victimes du terrorisme »
Un accord doit être signé aujourd’hui à Paris, afin de faciliter la réinsertion après un attentat. À Nice, Pôle emploi tient déjà des permanences à l’espace d’accueil pour les victimes du 14-Juillet
errière le deuil, les blessures physiques, l’insondable traumatisme, surgit un autre effet du terrorisme : l’impact professionnel. Moins médiatisé, mais lourd de conséquences, lui aussi. Voilà pourquoi Elisabeth Pelsez, déléguée interministérielle à l’aide aux victimes, et Jean Bassères, directeur général de Pôle emploi, signent aujourd’hui à Paris un accord-cadre national. Objectif : « Accompagner les victimes d’actes de terrorisme dans leur retour à l’emploi ». Ce partenariat s’inspire en partie de Nice, où un tel accompagnement a été instauré dès juin dernier. Éclairage de Keren Pilibossian, responsable juridique de l’antenne niçoise de l’Association française des victimes du terrorisme
Cet accord avec Pôle emploi répond-il à une demande des associations de victimes ? Cela correspond, avant tout, à une demande des victimes. Après la principale problématique, médicale et psychologique, puis les démarches administratives et juridiques, la question professionnelle a émergé. Certains ont commencé à réinvestir leur vie, ont eu envie de reprendre une activité professionnelle qui fait partie de leur identité. Nous avons donc sollicité les acteurs de l’emploi dans les Alpes-Maritimes (Pôle emploi, Direccte...) pour répondre à ces demandes.
À travers quelles actions ? Aujourd’hui, deux permanences par mois se tiennent à l’espace d’accueil des victimes de l’attentat à Nice. Au début, il n’y en avait qu’une par mois. Une chargée d’accompagnement à l’emploi examine la situation de la personne, l’informe sur les structures qu’elle peut solliciter, fait le lien pour qu’un bilan de compétences soit mis en place... On ne lâche pas ces personnes, on les accompagne de bout en bout ! Lors de sa visite à Nice, Mme Pelsez était ravie de ce dispositif, le plus abouti à ce jour. Elle a souhaité l’étendre au territoire national. Beaucoup de personnes ont été en arrêt maladie après l’attentat [du juillet , ndlr]. Certaines ont perdu tout le bénéfice de voir renouveler leur CDD. D’autres ont démissionné de manière impulsive, négocié des ruptures conventionnelles... Tout cela de manière assez décousue. D’autres encore ont essayé de reprendre leur activité, mais elles n’en étaient plus en capacité pour des motifs physiques ou psychologiques. Les difficultés liées à l’emploi sont un réel problème pour la plupart des gens que je reçois. Je ne veux pas faire de généralité... Mais nous avons connu beaucoup de situations pas très belles, où des employeurs pleins de compassion au départ ne se montraient plus aussi compatissants, à mesure que les arrêts de travail se succédaient. Or, pour les victimes, cela représente un isolement supplémentaire. À travers nos actions, nous essayons donc de leur dire : “Une autre vie est possible !”
Avez-vous en tête des succès ? Oui. Je commence à recevoir des messages de personnes qui disent être heureuses aujourd’hui. C’est la plus belle récompense... 1- Pour contacter l’AFVT Nice : 04.92.00.08.18. Karen Pilibossian, responsable juridique de l’AFVT à Nice. « Créer une coopération, à l’échelle nationale, sur la problématique du retour à l’emploi des victimes d’actes de terrorisme. »
« Former les agents de Pôle emploi pour qu’ils soient en capacité d’apporter un accueil personnalisé. Ils font face à des personnes qui ont vécu des événements tragiques, avec tout ce que cela comporte... L’idée est de s’inscrire dans une logique d’accompagnement. » Ce dispositif, s’inspire de ce qui se fait et des remontées qui nous parviennent. »
«Car les personnes victimes d’actes de terrorisme rentrent dans le champ du handicap, prévu par l’article L-. Il faut leur permettre d’inscrire ce retour à l’emploi dans leur reconstruction, leur processus de résilience. »