Haut-Rhin : soupçonnée d’un quintuple infanticide, une mère mise en examen
Rebondissement sans précédent dans la mystérieuse affaire dite des « bébés de Galfingue ». Confondue par des analyses ADN après 14 ans d’enquête, une mère de 53 ans a été mise en examen, hier à Mulhouse, soupçonnée d’avoir, entre le début des années 1990 et 2005, tué cinq de ses nouveau-nés, sans que leur père ne se doute de rien. Les enquêteurs pensent ainsi avoir déchiffré l’ «une des plus anciennes affaires non résolues d’infanticide en France ». L’énigme persistait depuis la découverte fortuite, en octobre 2003 dans une forêt de Galfingue, située dans le HautRhin, de quatre cadavres de nouveau-nés dans ses sacs-poubelle.
« Elle a décidé de les supprimer »
Sylvie H., qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité, « a reconnu l’intégralité de ces faits d’homicide sur ses enfants qui venaient de naître », a précisé lors d’une conférence de presse le procureur de Mulhouse, Dominique Alzéari. Son concubin et ses trois enfants aujourd’hui adultes âgés de 18 ans, 27 et 32 ans – « n’étaient manifestement absolument pas informés de ce qui s’est passé » . Le père est d’ailleurs « très affecté », selon le magistrat. La mère de famille, une employée « tout à fait insérée », a expliqué aux enquêteurs « que ces enfants, elle ne les voulait pas, qu’elle ne vivait pas ces maternités, qu’elle ne les avait pas investies, et lorsqu’elle a accouché [ce sont des grossesses qui sont allées à terme], elle a décidé de les supprimer ». À chaque fois, la mère dit avoir accouché seule à son domicile, sans témoin. « Ses grossesses ont été visiblement dissimulées », a précisé Dominique Alzeari, soulignant qu’il ne lui appartenait pas de dire si on était là face à un cas de « déni de maternité » – ce point devra être éclairci par l’enquête. Selon l’autopsie réalisée en 2003, les nourrissons découverts à Galfingue étaient nés viables et au moins deux d’entre eux avaient été étranglés avec des cordelettes retrouvées autour de leur cou. Un cinquième petit corps a été trouvé récemment par les enquêteurs au domicile actuel de la famille, à PetitLandau, en périphérie de Mulhouse, a précisé le colonel François Despres, commandant de la section de recherches de gendarmerie de Strasbourg. L’enquête, close en 2009 faute de preuves, avait toutefois été rouverte en 2013, eu égard aux progrès de la science en matière de profil ADN.
Hasard d’une rixe
Mais c’est finalement le hasard qui a aidé les enquêteurs à résoudre ce « cold case » : en septembre 2016, Sylvie H., son compagnon et son fils aîné ont été impliqués dans une rixe avec des voisins, ce qui a donné lieu à une enquête de gendarmerie. C’est dans ce cadre que leurs empreintes ADN ont été prélevées. Et les enquêteurs ont eu la surprise de découvrir, l’été dernier, que le profil génétique de Mme H. correspondait aux prélèvements effectués fin 2003 dans les sacs-poubelle de Galfingue.